Patti Germann, 3e cycle, Université du Manitoba
Résumé : Bonheur d’occasion (1945) met en scène le quartier ouvrier Saint-Henri à Montréal, notamment à travers le regard de différents personnages qui entreprennent de le marcher. Parmi les premiers écrits de l’espace urbain au Québec, ce roman de Gabrielle Roy met en contraste deux visions de la ville proposées par Michel de Certeau, celle des pratiquants de la ville et celle du plan panoptique. Gabrielle Roy affirme dans ses récits autobiographiques l’importance de ses propres excursions à Saint-Henri en tant que visiteuse pour l’élaboration de son premier roman. En traitant de la tension d’un regard à la fois extérieur et intérieur, cet article interroge la volonté de Gabrielle Roy de décrire un nouveau lieu ainsi que la réalité géographique et sociale qu’elle visite. Cette analyse des déambulations de Rose-Anna Lacasse, Emmanuel Létourneau, Alphonse Poirier, Florentine Lacasse et Jean Lévesque est informée par la perspective des pratiquants de la ville que met en lumière Michel de Certeau dans son essai L’invention du quotidien (1990). L’article postule que l’écriture de Bonheur d’occasion s’est nourrie de la formation journalistique de l’autrice et suggère que ces parcours romanesques dans Saint-Henri ont pour fonction non seulement de faire avancer l’intrigue, mais également de tracer la géographie physique et humaine nouvellement découverte par Gabrielle Roy.
Les premières excursions menées par Gabrielle Roy dans les rues du quartier Saint-Henri à Montréal sont celles d’une étrangère. Originaire du Manitoba, l’autrice s’installe à Montréal au début des années 1940, après un séjour en Europe. Cette condition d’étrangère contribue à la problématique placée au cœur de cette étude : la présence, dans Bonheur d’occasion, d’une extériorité dans l’appréhension du lieu par ses usagers. Premier roman de Gabrielle Roy, Bonheur d’occasion situe son histoire dans ce quartier ouvrier à l’époque de la Grande Dépression, à la veille de la Deuxième Guerre mondiale, le plus souvent à travers la description de parcours entrepris par plusieurs personnages. Dans cet article, il s’agira d’interroger la fonction de ces promenades dans la structure de l’intrigue. Plus précisément, nous nous demanderons comment ce motif de la marche renvoie à un procédé propre à l’écriture de Gabrielle Roy qui a elle-même parcouru, observé et documenté les rues de Saint-Henri comme journaliste durant la guerre. En analysant les promenades de plusieurs personnages de Bonheur d’occasion dans Saint-Henri, l’article suggère que ces déambulations ont pour fonction non seulement de faire avancer l’intrigue, mais également de tracer la géographie physique et humaine nouvellement découverte par l’écrivaine. Cet élément du récit permet à Gabrielle Roy l’élaboration d’une réflexion approfondie de la part des personnages ainsi que la description de la pauvreté marquant ces lieux.
L’utilité de la promenade
Michel de Certeau compare l’élaboration d’un déplacement dans la grille que représente la ville au langage que l’usager de la parole doit similairement s’approprier : « L’art de “tourner” des phrases a pour équivalent un art de tourner des parcours. Comme le langage ordinaire, cet art implique et combine des styles et des usages1. » Le philosophe français détermine ainsi que l’espace, comme le langage, est avant tout défini par le sujet qui le traverse et qui l’emploie. Le déplacement invite le promeneur à produire un type de récit. Selon Michel de Certeau, le mouvement ressemble à la parole : de la même manière que celui qui parle choisit ses mots et leur arrangement, le marcheur choisit une route, une direction et un moment particulier pour entreprendre son déplacement. L’acte simple de marcher, de choisir son chemin, de choisir sa vitesse, révélerait en outre le caractère du promeneur et peut-être même celui de son environnement.
Les personnages de Gabrielle Roy sont eux aussi des « pratiquants de la ville ». Ils donnent du sens à l’espace qu’ils traversent, dans la mesure où ils s’approprient ces lieux par la marche et par le regard qu’ils posent sur eux. Bien que l’espace urbain soit défini par les planificateurs urbains et les architectes de la ville, chaque passage et chaque usage de la ville peut constituer une transgression du plan quadrillé de l’espace urbain selon Michel de Certeau, qui constate en ce sens que le « langage du pouvoir “s’urbanise”, mais [que] la cité est livrée à des mouvements contradictoires qui se compensent et se combinent hors du pouvoir panoptique2 ». En effet, la notion du philosophe dépasse la simple idée que les marcheurs s’approprient l’espace qu’ils traversent en l’interprétant à sa façon ; il souligne par ailleurs la désobéissance qui peut avoir lieu au cours d’un mouvement dans l’espace. Un espace peut être utilisé et traversé de multiples manières : « La marche affirme, suspecte, hasarde, transgresse, respecte, etc. les trajectoires qu’elle “parle”3. » La pratique de l’espace peut ainsi être un acte de transgression. En général, le roman Bonheur d’occasion illustre bien ce principe dans la représentation des déambulations variées dans les rues de Saint-Henri, comme nous le verrons plus bas dans la description des promenades.
Gabrielle Roy attache, par ailleurs, de l’utilité au mouvement en général : dans son autobiographie La détresse et l’enchantement (1984), elle envisage la promenade, avec d’autres formes de déplacement, comme un moyen de découvrir ses pensées et ses sentiments :
Il me semble parfois que les grandes émotions de la vie et même le sentiment de vivre, c’est-à-dire de frémir, je les ai ressentis le plus profondément en route, quelque part, dans de petits trams cahotants ou dans les longs trains hurleurs, ou encore à pied, par des rues inconnues de villes où je ne connaissais âme qui vive. Ainsi roulent, voyagent, marchent inlassablement les personnages de mes livres, et est-ce étonnant quand moi-même me suis si peu souvent assise et n’ai pour ainsi dire cessé toute ma vie d’être en marche4 ?
Les promenades fréquentes de Gabrielle Roy sont d’ailleurs mises de l’avant dans un grand nombre d’entretiens qu’a accordés l’autrice. Elle dit s’être souvent logée dans des chambres au milieu de villes où elle connaissait peu de gens ; elle se mettait par conséquent à découvrir les alentours à pied, dans une solitude qui n’était pas pour lui déplaire. Elle affirme dans un entretien que la « partie de chaque année qu’elle passait à Montréal était occupée à marcher, marcher, marcher5 ». « “Quand vous vous sentez seul, vous marchez beaucoup6” », visitant les usines, les cafés, les marchés, les parcs, les églises et les maisons. L’écrivaine associe ici la solitude à sa pratique de la marche. Dans un esprit de découverte, seule avec ses réflexions, Gabrielle Roy jette les bases de la création de ses récits, son imagination remplissant les lieux parcourus de significations. De plus, elle reconnaît que l’ennui l’inspire : « [C]et ennui me fut très utile, parce que, poussée par cet ennui, je commençai à marcher, à marcher beaucoup, et vous savez, il n’y a pas de meilleur moyen pour découvrir une ville que de la parcourir à pied7. » Parlant de Saint-Henri et de son projet littéraire Bonheur d’occasion, Gabrielle Roy évoque l’attirance qui la reconduisait constamment vers ce quartier non dépourvu d’une sorte de magnétisme : « J’y revins, je m’y promenai je ne sais combien de fois, des centaines de fois sans doute, toutes les heures du jour et même de la nuit8. » De cette manière, l’écrivaine transforme les éléments géographiques en texte littéraire.
Un aspect notable du quartier Saint-Henri capte plus particulièrement l’attention de l’écrivaine : dans son récit « Ma petite rue qui m’a menée autour du monde », elle précise que c’est l’injustice sociale qui la touche plus que tout pendant ses randonnées dans le quartier :
L’ennui, la solitude, presque l’indigence étaient mes seuls compagnons. Ils me conduisirent, pour le réconfort, vers les solitaires, les pauvres, les démunis. C’est ainsi qu’un jour, sur les bords du vieux canal Lachine, je découvris Saint-Henri et dans ce quartier de déracinés, des gens tous pareils par bien des côtés à ceux de ma petite rue Deschambault, quoique plongés, eux, dans l’enfer de la concentration urbaine. La vue de l’injustice sociale : les plus pauvres en bas vivant en face des plus riches en haut9.
Le titre de ce récit, « Ma petite rue qui m’a menée autour du monde », en dit long sur la vie de Gabrielle Roy qui, venant de Saint-Boniface, quartier francophone de Winnipeg, voyage beaucoup : l’écrivaine habite en Angleterre, en France et à Montréal avant de s’installer dans la ville de Québec. Laissant derrière elle une carrière d’enseignante, elle est déterminée à gagner sa vie grâce à l’écriture.
Gabrielle Roy produit une œuvre considérable comprenant des thèmes universels reflétant des valeurs comme celles de la justice sociale et de la liberté, jouissant elle-même de cette liberté qui lui a permis d’entreprendre des déplacements fréquents. Sa vie, faite de voyage, invite conséquemment à penser cette « condition d’étrangère » déjà mentionnée. Comme c’est souvent le cas du voyageur, l’autrice établit régulièrement une comparaison entre l’ailleurs et son chez-soi. Bonheur d’occasion provient ainsi de la volonté de l’écrivaine d’explorer la précarité financière des habitants de Saint-Henri, qui s’assimile à celle de la communauté où elle a grandi au Manitoba. François Ricard confirme cette association qu’observe l’écrivaine entre Saint-Boniface, son milieu d’origine, et Saint-Henri :
Comme Saint-Boniface à côté de Winnipeg, ce village [Saint-Henri] au sein de la ville rassemble une société confinée dans une sorte de ghetto, en marge du monde et de la prospérité modernes, déclassée, devenue presque étrangère dans son propre pays, une société à la parole martyrisée, à la mentalité et aux mœurs mal faites pour le contexte urbain, et qui montre de manière encore plus pathétique son visage à la fois ravagé et vivant10.
Roy observe à Saint-Henri une marginalisation qu’elle considère typique des grandes villes. Sa conceptualisation de l’espace urbain prend ainsi un aspect universel. Dans sa conférence devant la Société royale du Canada, parlant des rues Atwater et Notre-Dame, elle remarque à cet effet que « c’est toujours le même village gris dans notre grande ville, le village de toutes les grandes villes du monde où dans la poussière, la fumée, l’espace exigu, le manque d’air et de verdure, vit encore, en somme la majorité des êtres humains11 ». Les voyages fréquents de Roy lui permettent de faire de telles généralisations sur la condition humaine. En somme, partant de cette conférence et des entretiens déjà mentionnés, il convient d’affirmer que, tout en jouissant de sa solitude, de sa liberté, cette touriste-écrivaine espère rencontrer les habitants des régions qu’elle explore et cherche à comprendre leur vie et leur milieu. Son errance anime en outre sa pensée et l’incite à interpréter la complexité des enjeux qui leur sont propres.
Le regard journalistique
Gabrielle Roy recrée des scènes de la rue à partir d’un vécu personnel et développe une esthétique qui recourt à des explorations pédestres. Son passé de journaliste contribue sans contredit à la genèse du roman Bonheur d’occasion, en développant la capacité de l’écrivaine à pénétrer et à décrire les lieux. La série d’articles « Tout Montréal », écrite pour le compte du Bulletin des Agriculteurs en 1941, annonce déjà une méthode d’écriture singulière, un procédé qui serait propre à Gabrielle Roy et qui comprend, par exemple, la présentation de données factuelles, ce qui n’exclut évidemment pas un soin particulier accordé à la langue. Le troisième article de cette série traite spécifiquement de Saint-Henri et dépeint déjà, en 1941, l’atmosphère et la couleur qu’on retrouvera quelques années plus tard dans le roman. Selon François Ricard, « les commencements de ce livre sont liés directement à cette découverte que fait une journaliste débutante12 ». Ce reportage consacré au quartier ouvrier révèle par exemple son caractère morne et bruyant :
Le faubourg de Saint-Henri voit passer tant de trains ! […] Les petites maisons de bois tremblent sur leur base ; la pauvre vaisselle s’entrechoque, et, au-dessus du vacarme, la voix humaine s’élève pour continuer la conversation sur un ton criard. Dans les cours intérieures, la lessive est déjà noircie avant de sécher. Et la nuit, sans cesse agitée par la trépidation des roues, sans cesse déchirée par le sifflement de la vapeur et le crépitement du ballast, ne ménage aucun véritable repos au peuple d’ouvriers et d’ouvrières qui s’épuisent13 […].
L’inconvénient des trains, la saleté qu’ils entraînent, leur vacarme, sont tour à tour accentués dans cet extrait. Quatre ans plus tard, la journaliste ajoute d’autres dimensions à son portrait du même lieu dans Bonheur d’occasion en y donnant une description plus complexe et peut-être moins négative. Cela dit, dans le dernier extrait issu du reportage journalistique, il faut néanmoins noter la présence d’une voix humaine qui triomphe sur le bruit industriel, annonçant un élément d’espoir qui figure souvent dans les textes de l’écrivaine.
Le grand nombre de promenades rencontré dans Bonheur d’occasion reflète bel et bien les habitudes de la journaliste qui préparait elle-même ses reportages en pénétrant de plain-pied dans diverses communautés qui l’exposaient « au désordre et aux surprises du monde14 », ainsi que le note son biographe. Roy tient à aller sur place pour observer le monde d’un œil neuf, pour aller au-delà des préjugés et de la surface des choses. Elle cherche à « regarder, écouter, comprendre, aller au-delà ou en deçà des images préétablies, des idées toutes faites, des jugements déjà formés », écrit encore François Ricard. « [S]a grande qualité, poursuit-il, […] c’est de ne pas refuser l’émotion ni la subjectivité, mais bien, tout en gardant le contrôle, de s’en servir comme d’un moyen supplémentaire — et indispensable — de voir et d’expliquer ce qu’on voit15 ». La méthode de Gabrielle Roy intègre l’émotion et son expérience personnelle dans ses reportages. Sa passion pour l’écriture, de concert avec sa nature aventurière, permettent à la Manitobaine de gagner sa vie à la manière d’une chroniqueuse de voyage. À l’été 1941, elle fait, par exemple, un voyage de quatre mois dans l’ouest du Canada, aboutissant à la publication d’onze nouveaux articles. Visitant divers villages de colons, elle dessine une image vivante et précise de la réalité de chacun d’eux16.
Bonheur d’occasion est composé à un moment où les préoccupations principales de Gabrielle Roy sont justement le voyage et l’écriture. Parmi ses premiers récits, on compte donc des articles de journal qui se rapprochent du récit de voyage. Son roman Bonheur d’occasion nous renseigne également sur la manière de vivre à Saint-Henri pendant les années 1940. Les récits de Roy informent, tout en recourant à une qualité esthétique. L’écrivaine compose ses articles, et plus tard les parcours de ses personnages, non seulement pour communiquer une vision propre du lieu, mais pour travailler son esthétique qui combine l’information et la poésie.
Se placer à l’écart de la misère
Bonheur d’occasion, qui a pour décor le quartier Saint-Henri, raconte, entre autres choses, comment la famille Lacasse, toute démunie, se voit obligée de déménager pour établir demeure dans un logis moins cher. La famille de Rose-Anna et Azarius Lacasse se compose de plusieurs enfants, dont les plus vieux doivent travailler pour contribuer au revenu familial. De ce nombre, on compte leur fille Florentine, l’aînée de la famille, serveuse, qui rêve d’une vie meilleure. Elle voit en ce sens le mariage comme moyen de s’extraire de la pauvreté dont elle hérite. Bien qu’elle désire se marier à Jean Lévesque, celui-ci aspire à une meilleure existence, qui l’amènerait incidemment à s’arracher au quartier Saint-Henri où il est né. Florentine se résigne finalement à épouser Emmanuel Létourneau, un jeune homme qui ne gagne pas tout à fait son cœur, mais qui promet de lui fournir une vie digne et financièrement sûre.
Outre le récit de ces personnages centraux que donne à lire le roman, le portrait de la détresse financière du quartier est aussi dépeint par divers points de vue, livrés au fil de multiples parcours dans Saint-Henri. Le parcours du personnage de Rose-Anna Lacasse est, à cet égard, exemplaire, elle qui cherche une maison à louer et qui fait ainsi une longue marche permettant au lecteur d’explorer, à travers son regard, deux rues différentes de son quartier plus ou moins défavorisé. Il paraît particulièrement notable que l’excursion de Rose-Anna l’amène à percevoir son quartier comme de l’extérieur. Sortant très rarement de chez elle, trop occupée qu’elle est par les nombreuses tâches ménagères qui la retiennent à la maison, elle ne s’associe pas au quartier qui est pourtant le sien et décrit de son point de vue. Elle observe par exemple cette scène de grande pauvreté, conforme au thème majeur du roman : « Une nuée d’enfants dépenaillés jouaient sur les trottoirs au milieu de détritus. Des femmes maigres et tristes apparaissaient sur les seuils malodorants, étonnées de ce soleil qui faisait des carrés de lumière devant chaque caisse à ordures17. » Rose-Anna, observatrice, se montre très consciente de l’aspect sensoriel des rues qu’elle parcourt, mais aussi des éléments discordants, comme les parcelles de soleil qui entrent en contraste avec l’ambiance désolante qui émerge de la pauvreté. Du reste, Rose-Anna perçoit également les habitants de Saint-Henri comme une masse, un regroupement de gens sans identité individuelle, ce dont témoignent leurs habitations : « Toutes les maisons — il ne faudrait pas dire les maisons, car comment les distinguer les unes des autres ; c’est au numéro, seul, au-dessus de la porte, qu’on reconnaît leur piteux appel à l’individualité. » (BO, 115) Cette généralisation, dirait-on, contribue à maintenir le personnage à distance de la scène, comme si sa propre maison ne se fondait pas encore dans la masse.
La promenade de Rose-Anna accentue par ailleurs le contraste entre la rue Workman, qui est « affreuse », parfait exemple de l’« extrême indigence » (BO, 116), et la rue du Couvent, où elle se rend au cours de cette même promenade et où se manifeste plus de prospérité. Ne partageant pas cette aisance financière, Rose-Anna paraît une fois de plus étrangère à cette rue paisible où elle note les détails des maisons bourgeoises comme « des rideaux de dentelles » et « les stores de couleur crème et des plantes robustes » (BO, 116). La promenade de Rose-Anna sert ainsi à illustrer la diversité dans son quartier, où la vie bourgeoise et celle des déshérités se côtoient, et à souligner le similaire détachement de Rose-Anna, qui ne s’identifie ni à l’une ni à l’autre de ces conditions. Étrangement, « sa visite à la rue Workman l’a réconfortée » (BO, 116) ; Rose-Anna est apparemment satisfaite d’avoir vu d’autres familles plus démunies que la sienne. Par-là, elle résiste à l’idée de se considérer pauvre et elle choisit d’embrasser ainsi « la vieille habitude de tirer le meilleur parti possible des plus minimes avantages » (BO, 118).
L’éventail des perspectives portées sur un même lieu est davantage développé plus tard dans le roman avec la promenade du personnage d’Emmanuel Létourneau, qui s’inquiète notamment des privations de Florentine Lacasse. Sur la rue Beaudoin, où vit cette dernière, Emmanuel remarque sa « petite maison très pauvre » et se demande « comment elle pouvait vivre dans cette masure » (BO, 337). Il perçoit que la famille Lacasse est défavorisée. Emmanuel développe peu à peu sa conscience au sujet de la pauvreté qui l’entoure, des combats nécessaires pour survivre, venant pour sa part d’une famille plus aisée. Le parcours du personnage d’Emmanuel dans la ville est le plus ample de tous les déplacements à pied décrits dans le roman. Issu d’une bourgeoisie moyenne, d’une famille de petits commerçants canadiens-français, Emmanuel s’enrôle dans l’armée pour des raisons idéalistes et politiques et non pour des raisons économiques comme la plupart des habitants de Saint-Henri. Au retour d’un entraînement militaire qui le fait temporairement sortir de son hameau natal, un trajet pédestre l’amène à traverser entièrement ce quartier, du bas, commençant par le canal Lachine, jusqu’au sommet des côtes de Westmount. On peut retrouver, dans cette ascension d’Emmanuel, un écho à cette idée de Michel de Certeau qui nous invite à penser que l’action de monter permet de mieux voir la ville et, ainsi, d’adopter une vision panoptique : « Celui qui monte là-haut sort de la masse, […] [est] enlevé à l’emprise de la ville » ; il acquiert une vision générale du lieu avant de « retomber dans le sombre espace où circulent des foules18 ». La hauteur « le met à distance ». Cette élévation « mue en un texte qu’on a devant soi, sous les yeux, le monde qui ensorcelait et dont on était “possédé” ». « Elle permet de le lire19. » Emmanuel a justement tendance à penser plus abstraitement que les autres, ce qui se confirme au cours de cette promenade qui l’amène à avancer dans des pensées philosophiques. Ce personnage a ainsi pour rôle d’interpréter la ville d’un point de vue élevé.
Mais avant même de monter vers le quartier Westmount lui accordant une nouvelle perspective sur Saint-Henri, le retour de sa formation militaire lui permet similairement d’adopter un regard distant vis-à-vis de son quartier d’enfance et de revoir le « faubourg avec les yeux clairs et observateurs » (BO, 333). Son point de vue de revenant, empreint de nostalgie, rend l’aspect industriel de Saint-Henri agréable, notamment par l’« odeur d’épices » (BO, 331) des biscuiteries, à laquelle il est nouvellement sensible. Ravi d’être de retour, il vit une soirée enchantée « tel[le] qu’il n’y en a pas deux » (BO, 331). Ainsi, avant même de monter les rues de Westmount, il perçoit déjà Saint-Henri d’une manière abstraite, comme à distance. Pour lui, en cet instant, le faubourg ressemble à un village pittoresque où les gens causent amicalement, loin de l’impression du lieu que donne à voir Rose-Anna : « Il a, le jour, sa vie pitoyable de labeur. Il a, le soir, sa vie de village, alors qu’assis au frais sur le pas de leur porte ou sur des chaises placées au bord de trottoir, ses gens s’entretiennent de seuil en seuil. Saint-Henri : termitière villageoise ! » (BO, 333) Le regard qu’Emmanuel pose sur son quartier d’enfance appelle toutefois à la nuance et invite à réévaluer cette image joviale d’un village chaleureux et plein de camaraderie. En errant dans les rues dans l’espoir de retrouver Florentine, il note un « malaise indéfinissable qui planait sur le faubourg » (BO, 333). Plus tard, sur les côtes de Westmount, Emmanuel est happé par « le calme moelleux, comme inattaquable, si profond de cet endroit » (BO, 372-373), qui entre en contraste avec l’activité industrieuse, la gravité et la vulnérabilité de Saint-Henri. La vulnérabilité associée à la pauvreté sont vraisemblablement inexistantes dans le Westmount qui se présente presque comme une forteresse : « L’éclat de la pierre riche et polie tombait sur lui, dur, indéchiffrable, avec des reflets d’acier. » (BO, 374) La promenade d’Emmanuel lui permet ainsi une « lecture » de la ville tout en évoquant une imagerie d’objets impénétrables faisant la distinction entre la ville basse, et pauvre, et le quartier nanti surélevé sur la montagne.
Autre lieu important dans le roman, le café les Deux Records permet la rencontre de plusieurs personnages qui y aboutissent au bout d’une certaine errance : Azarius Lacasse, son fils et d’autres jeunes hommes, par exemple. Pendant une soirée qui se tient dans ce café vers la fin du roman, le personnage d’Alphonse Poirier offre une autre perspective sur la réalité de la vie dans les conditions difficiles de Saint-Henri. Il explique à Emmanuel la nécessité d’adaptation à laquelle doivent se plier les pauvres gens, en relatant sa visite dans un endroit éloigné du centre de Saint-Henri, la dompe de la Pointe-Sainte-Charles, où vivent des gens parfaitement dépourvus. Alphonse retrace son trajet dans la rue Saint-Jacques et la dompe en soulignant le même espoir que ressentait Rose-Anna lors de son propre parcours. Il décrit une pauvreté encore plus abjecte que la situation observée par cette femme dans la rue Workman. Alphonse raconte une « histoire étonnante, morbide » (BO, 360) qui comprend la création, la destruction et le rétablissement d’un village où se situent des gens parmi les plus marginalisés. Alphonse insiste toutefois sur le rappel de l’existence des fleurs qui, au milieu du bidonville qu’il décrit, « se sont mises à pousser aussi devant les cabanes, des fleurs de soleil ; la graine […] s’en était venue avec le vent. » « Et tu diras ce que tu voudras, jeta-t-il d’un ton défiant, mais c’est une vie comme une autre dans ce pays-là. » (BO, 361-362) Au sein même de l’infortune, Alphonse signale alors la croissance « des fleurs de soleil », ce qui accentue la complexité du portrait de la dompe brossé par le personnage. Ce qu’Alphonse remarque en traversant le lieu, c’est donc une sorte de transgression, c’est-à-dire une nécessité pour ces habitants du bidonville de s’approprier des espaces, les détournant de leurs usages premiers. François Ricard souligne que le monde décrit par Gabrielle Roy est rempli de « l’ambiguïté et des problèmes insolubles » où il existe « toute l’imperfection et la complexité inextricable de la vie humaine20 ». Exposant des éléments contradictoires dans le cadre du dénuement, les recherches faites à pied autour de Saint-Henri ont révélé à l’autrice de Bonheur d’occasion l’assiduité et la persévérance de ses habitants.
La marche et la solitude
Dans Bonheur d’occasion, la promenade signale la recherche de la solitude par les personnages et aussi la découverte de leur relatif isolement. Tout comme Gabrielle Roy, ils pensent à leur vie dans leur déambulation solitaire. Le personnage de Jean Lévesque se promène, par exemple, afin de planifier son avenir. Son regard se pose sur les éléments qu’il croise le long de sa route, et sa pensée leur attribue une signification. En voyant une affiche « À louer », par exemple, il considère le déménagement annuel de « ce peuple instable du faubourg » : « [I]l lui apparut que ce n’était pas qu’aux maisons qu’il aurait fallu poser cette affiche. Elle collait aux êtres. À louer, leurs bras ! À louer, leur oisiveté ! À louer, leurs forces, et leurs pensées surtout […]. » (BO, 58) Jean établit ainsi un lien direct entre les logis du quartier qui sont à louer et ses habitants qui, similairement, se prêtent à l’exercice de la marchandisation, eux qui sont employés par ces industries indifférentes au sort de ces individus. Jean Lévesque ne s’identifie pas à ces destins et il donne une vision en quelque sorte extérieure de ce quartier. Il prend d’ailleurs la décision de s’éloigner du faubourg qui l’a vu naître et il espère trouver une situation dans laquelle il ne sera plus lui-même « à louer ».
Plus tard dans le roman, et de façon tout à fait similaire, le personnage de Florentine, nouvellement enceinte de Jean Lévesque, se met elle aussi en marche en direction de la rue Saint-Ambroise pour réfléchir à son propre avenir, comme si le fait d’avancer dans le quartier lui permettait réciproquement d’avancer dans ses pensées. À l’instar d’autres d’ailleurs, Florentine aperçoit son quartier comme une passante ou une étrangère, d’un regard du dehors. Au marché Atwater, par exemple, elle « hâta le pas comme pour se dérober volontairement à cette animation du marché dont elle se sentait pourtant exclue » (BO, 289). Plus loin sur la rue Saint-Ambroise, le spectacle d’un cargo sur le canal attire son attention. Le passage du cargo est présenté dans le style d’un récit de voyage, comme si Florentine était étrangère à cette scène pourtant coutumière pour les habitants du quartier. Le lecteur contemple ainsi un cargo sur le canal, avec Florentine en tant que guide. Elle estime que ces grands vaisseaux ne s’inquiètent guère des malheurs sur la côte, c’est-à-dire ceux qui la concernent :
[L]e spectacle lui avait toujours paru banal […]. Tous ces bateaux qu’elle avait vus passer ici n’avaient jamais provoqué en elle le moindre frémissement, mais celui-là […] retenait son regard malgré elle, comme s’il avait été le premier qu’elle eût jamais remarqué. […] Et c’était comme s’il venait imposer aux carrefours besogneux sa vie indifférente aux hasards de la terre. (BO, 291)
C’est effectivement le hasard qui mène Florentine à sa décision de se marier avec Emmanuel pour assurer son bien-être et celui de son futur enfant. Sa description d’une flottille de barques variées « mélancoliques et délaissées » (BO, 292) répond à son état d’esprit alors même qu’elle doit prendre une décision lourde de conséquence.
Lors de cette promenade, Florentine devient ainsi consciente de sa solitude : « [E]lle était seule au monde avec sa peur. Elle entrevit la solitude, non seulement sa solitude à elle, mais la solitude qui guette tout être vivant, qui l’accompagne inlassablement, qui se jette soudain sur lui comme une ombre, comme un nuage. » (BO, 292) Même à l’intérieur de sa famille, la solitude se ressent. C’est en tout cas ce qu’elle remarque en déambulant dans le quartier, alors qu’elle observe des logis, tout semblables à celui de sa famille, qui lui renvoient en quelque sorte le miroir de sa propre réalité, « l’odeur des logis d’autrefois, toutes les pauvres maisons où [les membres de sa famille] avaient été ensemble et cependant déjà séparés les uns des autres » (BO, 294-295). Gerald Mead suggère à cet effet que les personnages de Bonheur d’occasion sont aliénés par l’incapacité de communiquer entre eux même quand ils sont ensemble21. Jean, par exemple, en sortant de son travail à la Montreal Metal Works, s’adresse « au vide devant lui », bien que Florentine soit à ses côtés à cet instant. Il dit qu’« un homme ne sait plus s’il est encore en vie ou s’il est devenu machine » (BO, 211). À mesure que Florentine s’éloigne des rues qui lui rappellent Jean, sa peur se dissipe toutefois, et elle reprend le contrôle de ses émotions. À la fin de son excursion, pareille à Rose-Anna, elle se sent soulagée. Entrant dans un café, Florentine a « l’impression d’être à l’abri de la solitude » et elle « s’examin[e] satisfaite » (BO, 297-298).
L’observation des éléments naturels
« [L]a ville recevait enfin sa poésie22 », affirme François Ricard au sujet de Bonheur d’occasion. Gabrielle Roy développe ainsi une poétique, un style d’écriture, en se promenant les yeux grand ouverts et en interprétant comme voyageuse des aspects de l’espace urbain. Lee Brotherson note que cette autrice confère habilement à son roman un « effet documentaire23 », dans un cadre sophistiqué de métaphores, c’est-à-dire qu’elle informe en même temps qu’elle poétise. En voyageant, Gabrielle Roy observe les coutumes de chaque lieu qu’elle visite, aussi bien que ses aspects physiques, comme des éléments naturels. Les manifestations de la nature jouent un rôle important dans la poétique de l’écrivaine. Les narrations de Roy portent ainsi une grande attention aux événements naturels, comme la météo et les effets de celle-ci sur les habitants. Elle note, au demeurant, les éléments naturels au cœur de la ville qui invitent à y entrevoir des symboles de la force et de l’espoir qu’on peut nourrir à l’égard des personnages.
Dans Bonheur d’occasion, l’œil omniscient de la narration tend à associer le personnage à son lieu, par exemple dans les images vibrantes du vent liées à la promenade du personnage d’Azarius Lacasse qui se rend au café dans une tempête, « poussé et poursuivi par le vent » (BO, 171). La manière dont le vent s’engouffre dans les ruelles est également liée au personnage de Jean Lévesque : « La curiosité était déchaînée en lui comme le vent partout ce soir dans le faubourg, au long du canal, dans les rues désertes, autour des petites maisons de bois, partout, et jusqu’à sur la montagne. » (BO, 34-35) Jean croit que sa grande curiosité — son intérêt pour le monde extérieur au faubourg —, de pair avec son ambition, est « indispensable à l’enrichissement personnel » (BO, 34). Le jeune homme est convaincu qu’il trouvera facilement un emploi en dehors du quartier. Il est un personnage plus fort qu’Azarius et jouit d’un meilleur destin que ce dernier, plus vulnérable. La description des faibles constructions brutalisées par le vent n’est pas sans rappeler la vulnérabilité générale des gens du quartier : « Les volets disjoints battaient ; on entendait parfois comme une déchirure de zinc au toit des maisons […]. [L]es vitres crépitaient sous les poignées de grenaille. Et la neige continuait à tourbillonner, s’infiltrait sous les portes branlantes, glissait dans les joints des fenêtres et cherchait partout un asile contre la fureur du vent. » (BO, 171) Abattu comme ces maisons, Azarius parvient mal à comprendre sa situation économique aussi bien que les raisons de sa misère, comme le décrit ce passage traitant encore du vent dans les rues : « Une main vigilante, aurait-on dit, tâtonnait dans la tempête, alliant un réverbère qui s’éteignait aussitôt, fixait une ampoule qui ne produisait qu’une flamme brève et, jamais lasse, essayait de faire jaillir la clarté. » (BO, 171) Cette description de la rue pendant une tempête hivernale montre la lutte entre deux forces : la lumière qui persiste malgré le vent brutal et la neige qui obstrue la clarté. Cette image n’est pas sans évoquer l’espoir et constitue, peut-on suggérer, l’image de la ténacité d’une communauté et des individus qui la composent. Comme cette lumière, Azarius rencontre de brefs instants de succès. La représentation de la rue, au cours de la nuit, pendant la tempête, rappelle ses conditions de vie difficiles, mais néanmoins lumineuses et empreintes d’espoir.
Un puissant exemple de la correspondance entre les personnages et la nature qui les entoure se présente dans la description des arbres de Saint-Henri, où « la nature se manifeste d’une manière inattendue24 ». Le roman se termine par cette vision d’Emmanuel qui, à bord du train le menant à la guerre, observe un arbre qui pousse difficilement sur le sol de Saint-Henri : « Il aperçut un arbre, dans un fond de cour, qui poussait ses branches tordues entre les fils électriques et un réseau de cordes à linge. Ses feuilles dures et ratatinées semblaient à demi mortes de fatigue avant même d’être pleinement ouvertes. » (BO, 446) Cet arbre est mal placé pour s’épanouir. Ses feuilles sont malmenées, dans un piètre état, déjà au début du printemps. La vision d’Emmanuel invite ici à penser le symbole du peuple du faubourg Saint-Henri, un arbre qui croît quand même, qui réussit à survivre. Cette image peut d’ailleurs faire écho à la promenade de Florentine qui observe que « les vieux arbres des rues que la lente limaille du ciment ne décourageait point avaient reverdi » (BO, 287). Selon ces témoins, Saint-Henri est un lieu où une certaine détermination de ses habitants se fait ressentir, un lieu dégradé par la pauvreté, mais où existe le désir de survivre, voire de s’élever. De cette manière, de petits éléments d’espoir se retrouvent dans ce portrait des gens vivant dans la pauvreté.
Bonheur d’occasion est donc bien plus qu’un drame retraçant la vie d’une famille défavorisée. Il est tout autant le portrait d’un lieu géographique, d’un endroit qui a grandement inspiré Gabrielle Roy, écrivaine, voyageuse, journaliste. En traversant l’espace, l’autrice se l’approprie, le mettant au service de son écriture. Dans son roman, elle met en scène des personnages qui sont des pratiquants quotidiens de la ville, selon le terme de Michel de Certeau. Cette exposition de la ville pratiquée est définie par un regard extérieur, celui d’un observateur de passage. Ce point de vue extériorisé sert à l’intrigue d’une manière importante : le profond sentiment d’être visiteur dans son propre monde tend à rappeler que les personnages ne sont pas parfaitement aliénés par leur milieu, ce qui nourrit ainsi leur désir, leur volonté de s’en extraire.
Bibliographie
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-
Michel de Certeau, L’invention du quotidien. Arts de faire, Vol. 1, Paris, Gallimard, 1990, (« Folio Essais »), p. 151.↩
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Ibidem, p. 144‑145.↩
-
Ibidem, p. 150.↩
-
Gabrielle Roy, La détresse et l’enchantement, Montréal, Boréal, 2014 [1984], (« Boréal compact »), p. 210.↩
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Dorothy Duncan, « Le triomphe de Gabrielle », in Nadine Bismuth, Amélie Desruisseaux-Talbot, François Ricard, (éds.), Rencontres et entretiens avec Gabrielle Roy, 1947-1979, Montréal, Boréal, 2005, (« Cahiers Gabrielle Roy »), p. 28.↩
-
Gabrielle Roy, citée dans Dorothy Duncan, ibidem.↩
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Judith Jasmin, « Entrevue avec Gabrielle Roy », in Nadine Bismuth, Amélie Desruisseaux-Talbot, François Ricard, (éds.), Rencontres et entretiens avec Gabrielle Roy, 1947-1979, Montréal, Boréal, 2005, (« Cahiers Gabrielle Roy »), p. 119‑120.↩
-
Rex Desmarchais, « Gabrielle Roy vous parle d’elle et de son roman », in Nadine Bismuth, Amélie Desruisseaux-Talbot, François Ricard, (éds.), Rencontres et entretiens avec Gabrielle Roy, 1947-1979, Montréal, Boréal, 2005, (« Cahiers Gabrielle Roy »), p. 59.↩
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Gabrielle Roy, « Ma petite rue qui m’a menée autour du monde (vers 1978) », in Jane Everett, Sophie Marcotte, François Ricard, (éds.). Le pays du Bonheur d’occasion, Montréal, Boréal, 2000, (« Cahiers Gabrielle Roy »), p. 57.↩
-
François Ricard, Gabrielle Roy, une vie, Montréal, Boréal, 1996, p. 224.↩
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Gabrielle Roy, « Retour à Saint-Henri. Discours de réception à la Société royale du Canada », in Fragiles lumières de la terre. Écrits divers 1942-1970, Montréal, Boréal, 2013 [1978], (« Boréal compact »), p. 169.↩
-
François Ricard, op. cit., p. 224.↩
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Gabrielle Roy, citée dans François Ricard, ibidem, p. 221-222.↩
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Ibidem, p. 227.↩
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Ibidem, p. 235‑236.↩
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Voir à ce sujet le recueil qui rassemble une sélection de reportages de Gabrielle Roy : Heureux les nomades et autres reportages, 1940-1945, Antoine Boisclair et François Ricard (éd.), Montréal, Boréal, coll. « Cahiers Gabrielle Roy », 2007.↩
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Gabrielle Roy, Bonheur d’occasion, Montréal, Boréal, coll. « Édition du centenaire », 2009 [1945], p. 115. Dorénavant, les références à cet ouvrage seront indiquées directement dans le texte par le sigle BO suivi du numéro de page.↩
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Michel de Certeau, op. cit., p. 140.↩
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Ibidem, p. 140.↩
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François Ricard, « Gabrielle Roy romancière ou “La plus grande vérité humaine” », in Isabelle Daunais, Sophie Marcotte, François Ricard, (éds.), Gabrielle Roy et l’art du roman, Montréal, Boréal, 2010, (« Cahiers Gabrielle Roy »), p. 31‑32.↩
-
Gerald Mead, « The Representation of Solitude in Bonheur d’occasion », Quebec Studies, Vol. 7, octobre 1988, p. 128‑129.↩
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François Ricard, op. cit., p. 12.↩
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Lee Brotherson, « Odours as Metaphor in Bonheur d’occasion (Gabrielle Roy) », Australian Journal of French studies, Vol. 38 / 2, mai 2001, p. 272.↩
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Yannick Resch, « La Ville et son expression romanesque dans Bonheur d’occasion de Gabrielle Roy », Voix et Images, Vol. 4 / 2, 1978, p. 245.↩
Patti Germann a fait une maîtrise en français à l’Université du Manitoba sur la représentation du Front populaire dans L’Espoir d’André Malraux. Elle complète bientôt ses recherches doctorales à l’Université du Manitoba sur la représentation de l’espace touristique. Elle a soutenu sa thèse doctorale en juin 2022 : « Le lieu touristique dans les œuvres d’Alain Resnais et de Marguerite Duras (1944-1965) : espace de violences présentes et passées ».
Récipiendaire de plusieurs bourses de voyage, elle a présenté ses recherches à quatre colloques – en l’occurrence sur la musique de Hanns Eisler dans Nuit et Brouillard, sur la représentation du musée dans Hiroshima mon amour y compris une communication à Tokyo au congrès international de la Société Marguerite Duras, et dernièrement sur la figure de touriste dans l’œuvre de Simone Chaput.
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