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L’épistolaire comme lieu de cristallisation d’une prise de parole politique chez Gabrielle Roy

Laurianne Thibeault, 2e cycle, Université Laval

Résumé : Dans le cadre de ses échanges épistolaires, Gabrielle Roy ne semble pas s’imposer les mêmes contraintes de retenue et d’intégrité que dans ses romans. En observant un certain nombre de lettres choisies en fonction du témoignage qu’elles offrent des sentiments politiques et idéologiques de Gabrielle Roy, cet article vise à mieux comprendre le rapport davantage décomplexé que l’autrice entretient avec un discours répondant à une définition plus traditionnelle de l’engagement dans sa correspondance. Il se veut également une occasion d’approfondir la compréhension actuelle qu’a la critique de l’engagement royen, qui ne se manifeste pas forcément de la même façon dans les différentes sphères de sa carrière et de sa vie personnelle.

Revue Fémur
2563-6812
Revue Fémur

Gabrielle Roy s’étant toujours gardée d’insérer sa pratique d’écriture dans une veine ouvertement militante ou explicitement engagée en faveur d’une cause1, sa conception du roman idéal, confie-t-elle, est entièrement tournée vers les sentiments, forces universelles et transhistoriques, plutôt que vers les idées, « forces changeantes2 ». Cette mise à distance de l’idéologie dans sa démarche littéraire apparaît d’ailleurs cohérente avec sa propre conception de l’engagement, qu’elle formule ainsi dans un texte de 1962 :

L’engagement est donc choix, mais ce choix peut bien consister justement à ne pas s’engager en de passagères idéologies qui séparent plus qu’elles n’unissent […]. Au risque de paraître paradoxale, je dirais que l’engagement de l’écrivain est avant tout affaire de liberté d’esprit3.

L’idée qu’elle a de l’engagement – un engagement intègre et nuancé qui s’éloigne d’une conception largement véhiculée au XXe siècle, orientée vers le choix d’une cause et comprenant une certaine part de risque4 – semble surtout s’appliquer dans ses œuvres. En dehors du contexte de ses publications, Roy n’impose pas systématiquement les mêmes contraintes de retenue. On lui connaît en effet un certain nombre de prises de position explicites, qu’on retrouve principalement dans ses œuvres inédites, dans sa correspondance privée ou, exceptionnellement, dans l’unique lettre ouverte qu’elle a adressée à la Presse Canadienne5. Si les inédits ont déjà fait l’objet d’analyses brossant un portrait des prises de position (surtout féministes) qu’ils renferment6, l’engagement épistolaire de Gabrielle Roy mérite quant à lui qu’on lui accorde plus d’attention.

En nous penchant sur des lettres choisies en fonction du témoignage qu’elles offrent des sentiments politiques et idéologiques de Gabrielle Roy, nous chercherons donc à mieux comprendre le rapport davantage décomplexé que l’autrice entretient avec un discours répondant à une définition plus traditionnelle de l’engagement dans sa correspondance. Les lettres adressées entre 1966 et son décès, en 1983, constituent selon nous un terrain particulièrement fertile en ce sens. Non seulement cette période coïncide-t-elle avec la montée du souverainisme au Québec, mais l’année 1966 marque également la naissance de sérieuses inquiétudes chez elle en lien avec la tenue des États généraux du Canada français à Montréal. Son impression d’être « menacée, effrayée et comme rejetée par sa province d’adoption7 » en tant que franco-manitobaine n’a pu qu’être alimentée par certains des événements qui ont suivi et qu’elle commente dans sa correspondance, comme la crise d’Octobre ou encore l’élection de René Lévesque en 1976. Plus spécifiquement, les lettres adressées à son mari, Marcel Carbotte8, à sa sœur Bernadette9 et à son amie Margaret Laurence10 donnent une bonne vue d’ensemble de la diversité de ses relations (conjugales, sororales, amicales) ainsi que du rôle de chaque destinataire dans l’élaboration d’un discours politisé. Notre recherche visera ainsi à approfondir la compréhension actuelle qu’a la critique de l’engagement royen11, qui ne se manifeste pas forcément de la même façon dans les différentes sphères de sa carrière et de sa vie personnelle. Pour ce faire, nous retiendrons trois grands aspects de l’écriture épistolaire susceptibles de favoriser l’engagement de Roy dans sa correspondance, soit le caractère fortement situé de la lettre dans le temps et dans l’espace, la porosité qu’elle assure entre l’espace privé et l’espace public, puis la présence d’un interlocuteur défini. Ces éléments qui distinguent la lettre de certains textes explicitement destinés au champ littéraire rythmeront les trois parties de notre analyse.

Une forme intimement rattachée au temps et à l’espace

Dans sa forme traditionnelle, la lettre est un document dont le discours peut difficilement s’extraire de son contexte de production. Selon la définition que donne Bernard Bray de la notion d’« espace épistolaire », diverses « sortes d’espaces sont impliqués dans une lettre12 ». Qu’ils soient géographiques ou virtuels, ces espaces distinguent typiquement un ici et un là-bas, un temps de l’écriture et un temps de la lecture. La correspondance personnelle de Gabrielle Roy n’échappe pas à cette spécificité de l’écriture épistolaire, à commencer par la création d’espaces temporels. En effet, non seulement les lettres qu’elle envoie à ses proches sont-elles datées et constellées de références à différents voyages, anniversaires ou rendez-vous, mais Roy y commente en outre certains événements d’actualité. Bien que la politique n’intéresse généralement pas Gabrielle Roy13, la crise d’Octobre, par exemple, lui inspire certaines craintes qu’elle témoigne à ses proches dans les lettres leur étant adressées durant cette période. Dans une lettre à son mari, elle écrit :

Tu sais, je suis loin d’être rassurée sur le climat politique au Québec. Mon impression est qu’il s’envenime et empire, au contraire, à chaque heure. Ce n’est pas parce qu’on a traqué une petite bande de terroristes que le fond des choses va changer. Je t’avoue que ce qui m’effraie peut-être autant, sinon plus que les activités anarchiques, c’est la montée d’un autoritarisme évident au Québec. (MCGF, p. 640)

Le regard critique qu’elle pose sur l’actualité à travers cette prise de parole contraste fortement avec le discours d’« universalité » de la littérature que la romancière tient en public : « L’écrivain, dit-elle en substance, s’adresse à tous les hommes ; son rôle est de “témoigner de l’expérience humaine14 ». Dans sa correspondance, contrairement à dans son œuvre, Gabrielle Roy fait non seulement écho à des réalités circonscrites dans le temps et aux sentiments qu’elles lui inspirent, mais elle fait plus qu’être simplement témoin de l’actualité dans ses échanges épistolaires ; elle condamne certaines idées et certains comportements. Ici, elle déplore autant les « activités anarchiques » des felquistes que l’« autoritarisme » du gouvernement.

Toujours dans la même lettre adressée à son mari, après une longue délibération sur les solutions envisageables aux contrecoups de la crise d’Octobre, Roy conclut qu’il faudra forcément faire des sacrifices pour se préparer à un éventuel changement. « Ce qui me confirme dans cette opinion, poursuit-elle, est une longue lettre de Joyce Marshall […] dans laquelle elle analyse la situation au Québec avec beaucoup de jugement, en venant aux mêmes conclusions que moi. » (MCGF, p. 640) Ce passage révèle la présence d’un réseau d’échanges politiques et d’une certaine forme de parti pris au sein de la correspondance de l’écrivaine, qui était pourtant décrite par ses proches comme étant désintéressée des affaires de l’État15. Grâce à son inscription dans l’actualité et parce qu’elle permet de réagir à chaud, la lettre favorise ainsi la création d’une toile de discussions et de débats autour de questions qui animent la société à un moment donné.

Cet ancrage dans le présent qui caractérise le geste épistolaire n’est d’ailleurs pas comparable au cas du roman, qui ne peut faire référence à un événement que de manière différée. La lettre, autrement dit, est une forme d’écriture qui échappe à la chaîne du livre traditionnelle. Si l’on reprend le cas des événements d’octobre 1970 en guise d’exemple, on peut observer que le tout premier roman revenant sur la Crise n’a paru qu’en 197116 – ce qui demeure tout de même rapide pour un roman. Quelques rares autres titres ont paru l’année suivante, mais il reste que la grande majorité a vu le jour au cours des années 1990. C’est donc avec un minimum de recul, lorsque la crise d’Octobre a été véritablement inscrite dans l’histoire, qu’elle a pu être revisitée plus largement par le biais de la fiction. Cela dit, l’écart qui existe entre la manière d’envisager la temporalité dans les domaines de l’écriture épistolaire et romanesque explique probablement en partie certains des élans partisans qui marquent la correspondance de Gabrielle Roy et qui n’ont jamais trouvé leur place au sein de l’œuvre publiée.

En plus d’être ancrée dans le présent, la lettre, dans sa forme traditionnelle, s’inscrit dans un lieu géographique précis. Lorsqu’elle est expédiée, elle crée un pont entre deux lieux éloignés. Toujours selon la notion d’« espace épistolaire » de Bernard Bray, c’est spécifiquement « la considération des lieux qui donne l’impulsion au mouvement épistolaire, et le dialogue s’établit entre deux espaces17 ». Un peu à la manière d’une lettre de voyage qui dépeindrait au mieux le paysage pour une personne restée au logis, il n’est pas rare que les lettres de Roy qui sont destinées à être envoyées à l’extérieur de la province décrivent la situation locale pour celles et ceux qui n’en sont pas témoins. À la différence des autres formes d’écritures qui ont été pratiquées par l’écrivaine au cours de sa vie, la lettre est destinée à un ailleurs défini. Elle ne tend donc pas vers une forme d’universalité lorsqu’elle esquisse le portrait d’un lieu. Dans le cas de Bonheur d’occasion – qui donne à voir la fresque d’un quartier populaire – ou des reportages sur le territoire canadien que Gabrielle Roy a produit au début de sa carrière, le ton demeure assez général et nuancé pour s’adresser à tout lieu qui ne correspond pas à l’ici de l’écriture. La lettre, quant à elle, vise précisément un là-bas, un lieu de réception défini. La contrainte de traiter des sentiments les plus communs pour toucher le lectorat le plus large possible est ainsi levée lorsque le destinataire se trouve dans une situation géopolitique donnée.

C’est là sans doute une autre des raisons qui expliquent pourquoi Gabrielle Roy formule aussi souvent des remarques portant sur la situation politique du Québec dans sa correspondance. Parmi toutes les personnes avec qui elle correspond, plusieurs résident à l’extérieur de la province. Ainsi, dans ses lettres, le fait de donner de ses propres nouvelles revient souvent aussi à donner des nouvelles du climat – politique et atmosphérique18 – du lieu où elle se trouve. C’est le cas notamment des lettres adressées à Bernadette, dans lesquelles Gabrielle Roy raconte et commente ce qui se passe au Québec pour sa sœur vivant au Manitoba. Parfois, l’épistolière exprime davantage ses craintes que ses critiques. À propos de la tenue des États généraux, elle écrit : « Comme nous vivons des heures difficiles en ce moment dans le Québec ! Tous les sentiments sont exaspérés, les émotions sont intenses. Bientôt sans doute nous allons devoir prendre parti les uns contre les autres. » (MCPS, p. 121) Ailleurs, le ton se durcit, comme dans ce passage qui condamne fortement les manifestations organisées contre le projet de loi 63, loi exigeant notamment que « les personnes qui s’établissent au Québec acquièrent dès leur arrivée ou même avant qu’elles quittent leur pays d’origine la connaissance de la langue française19 » :

Ces jours-ci, nous sommes plongés à Québec dans une atmosphère de révolution et de racisme des plus inquiétantes […]. Le climat du Québec devient dangereux. C’est à se demander s’il sera encore possible de vivre ici en liberté d’ici peu. Une fois qu’est lâché le démon du fanatisme et du racisme qui sommeille dans tout peuple, il est quasi impossible de le rattraper avant qu’il ait réussi à déchaîner violence, horreur, épouvante. (MCPS, p. 160)

Fortement ancré dans l’actualité de la province d’adoption de Gabrielle Roy, ce dernier extrait montre une épistolière qui se permet de juger sévèrement le nationalisme québécois. Force est d’admettre que cette facette de l’autrice contraste avec la posture qu’on lui connaît dans ses œuvres, où elle refuse de « s’engager en de passagères idéologies20 ». Sans dire que l’engagement de Gabrielle Roy est pour autant contradictoire, on peut avancer que la correspondance n’est simplement pas soumise chez elle aux mêmes ambitions transhistoriques et trans-territoriales que dans les romans.

Un discours à la frontière de l’espace privé et de l’espace public

Dans le Canada français du XIXe siècle, en plus de représenter un moyen de communication essentiel, la lettre permettait aux femmes de s’extraire des considérations domestiques qui étaient traditionnellement les leurs pour inscrire momentanément leur parole dans l’espace public. Les travaux de Brigitte Diaz21, de Mylène Bédard22 et de Julie Roy23 ont bien démontré ce phénomène de porosité ainsi créé entre les sphères typiquement masculines et féminines de la société – phénomène notamment permis par la lettre adressée à un personnage public ou encore à un périodique. Le geste épistolaire serait ainsi devenu pour ces femmes « un tremplin non pas pour “descendre en elles-mêmes” […], mais au contraire pour s’en extraire24 », pour tendre vers un espace de socialisation et de débats. Bien que ces observations portant sur les fonctions de l’écriture épistolaire trouvent leur source au XIXe siècle, ce mouvement général de la lettre partant de l’espace privé vers l’espace public s’observe aussi, dans une certaine mesure, au début du XXe siècle et à l’époque de Gabrielle Roy. Le ton tranché qui marque toute la correspondance de l’écrivaine ne trouve en effet aucun équivalent dans le discours qu’elle tenait en public ou dans ses œuvres publiées. Autrement dit, en dehors de l’espace intime de la lettre, Gabrielle Roy se conforme à la retenue et à l’intégrité qu’on attend traditionnellement d’une femme.

Il suffit de poser un regard sur les œuvres et les passages inédits qu’elle a laissés derrière elle pour voir que la romancière prenait effectivement grand soin de tenir à l’écart tout propos susceptible de juger ou de dénoncer. C’est ainsi qu’au fil des différentes versions du manuscrit du Temps qui m’a manqué, une scène entière exprimant une opinion catégorique sur la condition féminine et l’exploitation du corps est devenue, dans la version finale, cette simple phrase : « Ils [les rails] me disaient que c’est un malheur infini que d’être venu au monde25. » Il faut faire un sérieux effort de lecture entre les lignes pour saisir que la source de ce « malheur infini » est avant tout la condition de femme de la narratrice, car le texte ne s’engage pas explicitement dans cette direction. Selon Carol J. Harvey, « puisqu’il était alors presque impossible de critiquer ouvertement le patriarcat, les auteurs de la génération de Gabrielle Roy se limitaient à décrire la condition de la femme, laissant aux lecteurs la tâche […] d’en tirer leurs conclusions26 ». Plus largement même, d’un point de vue linguistique, « les femmes utiliseraient […] davantage de constructions modales, exprimant le doute et l’incertitude. D’une façon générale, la pression sociale dans le sens de ce jeu de politesse s’exerce plus sur les femmes que sur les hommes27 ». Et s’il en est ainsi pour l’engagement féministe, il en va de même pour toute autre forme d’engagement relevant de considérations historiquement masculines.

Il semble toutefois que dans l’intimité de l’échange épistolaire chez Gabrielle Roy, les injonctions propres à la littérature des femmes – comme la retenue ou l’intégrité – et celles qu’elle s’impose à elle-même au nom de sa conception du roman idéal sont momentanément levées pour faire place à un discours correspondant mieux à la définition typique de l’engagement, c’est-à-dire mettant « en gage28 » une opinion. Or, comme l’a montré Juliette Bernatchez, lorsqu’il est question de la Révolution tranquille en littérature, « l’institution ne présente l’engagement qu’à partir de critères qu’on associe traditionnellement au masculin : combatif, nationaliste et intellectuel29 ». C’est sans doute pourquoi l’histoire n’a pas retenu Gabrielle Roy pour son engagement durant cette période, bien qu’elle se soit pourtant attachée à mettre en œuvre sa propre vision de l’engagement de l’écrivain qu’est la « liberté d’esprit30 ».

Une seule fois, Gabrielle Roy a dévié de cette promesse d’intégrité dans son rôle public d’écrivaine, et c’est à l’occasion de la visite du Général de Gaulle qui a donné lieu au fameux « Vive le Québec libre31 ! ». Dans une lettre ouverte adressée à la presse par laquelle elle révèle à la fois sa déception et son amour du Canada, elle lance un appel à lutter « en faveur de la vraie liberté au Québec32 ». Bien que cette prise de parole contre « la leçon que le Général de Gaulle prétend donner [au] pays33 » soit destinée à être diffusée publiquement, l’écrivaine ne fait pas preuve de la retenue qu’on lui connaît habituellement dans ses œuvres ou même en entretien : elle « proteste34 », « de toutes [ses] forces, [elle] engage [ses] compatriotes à manifester35 ». Elle réprouve aussi du même souffle ceux qu’elle appelle des « extrémistes » et des « chimériques attardés en des rêves nostalgiques du passé36 ». Ici, la figure engagée de l’épistolière empiète momentanément sur celle de la romancière, habituellement mesurée dans ses propos. La lettre, envisagée au sens large, demeure ainsi le lieu exclusif d’une parole ouvertement politique chez l’écrivaine.

Néanmoins, le cas de la lettre ouverte est éminemment ambigu. Si on y réfère effectivement comme étant une lettre et qu’elle est prise en charge par un « je » non-métaphorique, elle se distingue de l’échange épistolaire dans la mesure où elle est destinée à être lue publiquement. Les recherches de Julie Roy ont bien montré qu’au XIXsiècle, le lien qui unissait la lettre intime et celle adressée au périodique résidait avant tout dans le maintien des codes de sociabilité privée comme la modestie37. Or, le statut déjà privilégié de Gabrielle Roy en tant qu’écrivaine reconnue au sein du milieu intellectuel québécois la libère de certaines contraintes qui pèsent toujours au moment de l’écriture sur la prise de parole au féminin. Car même dans les années 1960, tandis qu’on commence tranquillement à constater le reflet de certaines mutations de la société dans la presse38, « [l]e journalisme féminin reste […] confiné le plus souvent dans des questions d’ordre personnel ou domestique, cuisine, mode, psychologie, éducation, soins du corps, etc39. » Il suffit de jeter un œil à la page du Devoir40 qui accueille un extrait de la lettre ouverte envoyée par Gabrielle Roy pour observer un exemple de la division genrée de l’espace journalistique qui était toujours bien réelle à l’époque. À travers l’abondance de commentaires d’hommes portant tantôt sur l’actualité politique de l’Ontario, sur la vie syndicale au Québec ou sur la fermeture potentielle de la Westbank, les deux seules autres mentions de femmes se limitent à un court article racontant les exploits d’une crocheteuse et à une petite annonce offrant un emploi à une « fille ou femme » sténo-dactylo. Le contexte dans lequel Roy prend la parole en 1967 n’est pas si différent, au fond, de celui qui a marqué le XIXsiècle dans la mesure où « [d]evenir une épistolière de la presse, c’est [encore] prendre position au sein d’un univers du discours essentiellement masculin41 ».

Cela dit, bien qu’il s’agisse d’une lettre ouverte et que celle-ci suive certains codes propres à l’écriture épistolaire (« je » non-métaphorique, adresse au destinataire, signature), ce texte né sous la plume de Roy supposait un lectorat public d’entrée de jeu. C’est pourquoi, s’il n’est pas anodin que la seule prise de parole explicitement politique, voire militante, de l’écrivaine ait pris la forme d’une lettre ouverte et qu’elle soit ici digne de mention, nous croyons que ce texte doit être considéré séparément du corpus constitué par sa correspondance intime. Car contrairement à la lettre familière privée, la lettre ouverte demeure un dispositif d’engagement reconnu et cela explique sans doute le fait que Gabrielle Roy n’ait jamais reproduit le geste d’écrire à la presse et qu’elle ait bien pris garde de laisser connaître publiquement son opinion par la suite42.

La présence d’un interlocuteur défini

En plus d’être fortement située dans le temps et dans l’espace et d’assurer une certaine porosité entre l’espace privé et l’espace public, la lettre possède la particularité d’élire un destinataire unique. Il s’agit là de la troisième et dernière caractéristique de l’épistolaire qui, selon notre analyse, pourrait justifier l’engagement exceptionnel dont fait preuve Gabrielle Roy dans sa correspondance. L’écriture épistolaire, en effet, se distingue de l’écriture romanesque chez Roy en ce sens que ses lettres ne s’adressent pas à un lectorat aussi large que celui qu’elle vise dans son travail d’écrivaine. Aux yeux de la romancière, le propre du roman idéal serait de parler des sentiments humains les plus communs. C’est pourquoi, dans ses romans, elle évite de céder à des idéologies passagères pour atteindre la plus grande résonance possible. À ses yeux,

[l]es belles œuvres sont situées assez haut pour voir dans les cœurs humains ce que chacun possède à la fois d’unique et de plus semblable à tous ; ou encore quelque nostalgie rare que nous ne nous connaissions pas et qu’elles nous ont révélée. C’est leur souveraine magie que de parvenir à faire se rencontrer à travers un être imaginé tant d’êtres vivants et variés43.

« [F]aire se rencontrer […] tant d’êtres vivants et variés » : voilà donc l’objectif ultime derrière son écriture qui semble pourtant s’évanouir avec l’écriture épistolaire. La lettre s’avère pour Roy une forme d’écriture qui n’est pas contrainte à cette portée universelle ; elle est généralement adressée à une seule personne qu’il faut intéresser ou émouvoir de manière plus circonscrite et ponctuelle.

Lorsqu’elle s’adresse, par exemple, à son amie Margaret Laurence, qui vit en Ontario, Gabrielle Roy peut aisément se positionner contre le nationalisme québécois sans craindre de refroidir une partie de son lectorat, de s’attirer de violentes critiques ou de produire un texte qui ne perdurerait pas. Au contraire, en sachant précisément d’où vient la personne à qui elle s’adresse et même ses allégeances politiques, l’épistolière peut se permettre de tenir un tel discours à propos de l’éventuelle tenue d’un référendum sur l’indépendance du Québec :

Une si grande partie de notre vie se passe à lutter, lutter, lutter. Et je n’ose pas vous parler – pas encore – de ce qui me peine le plus en ce moment : la situation politique au Québec. […] Bien sûr, le navire peut encore redresser le cap. Mais les mots, à l’heure qu’il est, ne servent à rien, j’en ai bien peur. Sauf s’ils viennent de vous, du groupe généreux auquel vous adhérez, de nos frères et alliés anglophones. Justement, vous voyez : mon stylo a tracé « anglophones » plutôt que, comme il aurait dû, « amis canadiens ». (EFR, p. 65-66)

Alors qu’on a longtemps reproché à Gabrielle Roy son silence devant les grands enjeux du nationalisme qui agitaient le Québec à l’époque44, plusieurs extraits de sa correspondance – comme celui-ci – confirment que l’autrice n’était pourtant pas insensible à ces questions. Or, en prenant la mesure de la crainte qui anime Roy à l’égard de l’« arrogance » et de la « tyrannie » (EFR, p. 66) qu’elle décèle au sein du peuple québécois qui l’entoure, il n’est pas surprenant qu’elle choisisse prudemment les personnes avec qui elle partage ses opinions. Lorsqu’elle écrit à Margaret Laurence, elle peut appeler cette dernière à s’engager pour la cause fédéraliste parce qu’elle sait bien que son amie ontarienne adhère au « groupe généreux » des « frères et alliés anglophones » (EFR, p. 66). Enfin, pour citer un autre exemple de ce dévoilement d’opinions facilité par l’intimité de l’échange, lorsque Gabrielle Roy s’adresse à son mari, elle n’hésite pas à révéler ses sentiments vis-à-vis de la répression de la grève des médecins spécialistes45. Évidemment, l’écrivaine ne s’est jamais prononcée publiquement sur le sujet, mais son mari faisant lui-même partie de la Fédération et le sachant impliqué en faveur de la grève, elle ne manque pas de dénoncer « les agissements des bureaucrates à [leur] égard » (MCGF, p. 640) dans ses échanges épistolaires avec lui.

La lettre, en général, s’adresse donc à une personne en particulier, et cette intimité favorise le dévoilement de positions propres chez Gabrielle Roy. Mais la correspondance, et plus particulièrement celle entretenue par des écrivain·e·s, a également le pouvoir de mettre l’Autre à distance pour devenir autoréflexive, pouvant presque être lue comme une œuvre autobiographique46. Sophie Marcotte observe qu’au fil des échanges épistolaires entre Gabrielle Roy et son mari, ce phénomène semble s’accentuer tandis que l’écrivaine « s’adresse de plus à un destinataire virtuel, peut-être déjà aux lecteurs potentiels de sa correspondance, plutôt qu’à Marcel lui-même, qui se retire peu à peu de l’échange47. » Sachant que l’autrice a exprimé le désir qu’une partie de sa correspondance soit publiée après son décès, on peut se demander si l’intention de publication était déjà plus ou moins présente au moment de sa rédaction. Il semble en effet qu’à mesure que se développe sa relation épistolaire avec son époux, Roy adopte un ton plus près de celui qu’on retrouve dans l’œuvre publiée : plus achevé, parfois plus lyrique, mais aussi plus nuancé.

En regardant de plus près les dernières lettres qui ont été conservées48, on note effectivement des passages réflexifs comme celui-ci, portant sur l’effritement du monde qu’elle a connu, et qu’on pourrait même considérer comme une description imagée de son sentiment de dépérir elle-même, alors âgée de presque soixante-dix ans et accablée par la maladie :

L’autre nouvelle triste […], c’est la disparition de la maison de Pascal. Je me sens le cœur serré affreusement à la pensée de leur malheur, Pascal, la vieille tante Anna, Pauline ! Je ne peux m’imaginer le paysage de là-bas sans la maison bleu et blanc, tenue si propre par Pascal, et sur laquelle, à ma petite table, je levais les yeux cent fois par jour. […] On dirait que vient vite le jour où aura péri tout ce que nous avons tant aimé là-bas et qui nous fait vivre. Nous nous disions : ça prend du temps. Et, au contraire, la mort s’installe là-bas à grand pas. La disparition de cette maison, c’est pour moi comme un glas, l’annonce de la fin. (MCGF, p. 715)

En donnant ainsi un sens à ses souvenirs, en les revisitant par l’écriture, le ton de certaines des dernières lettres adressées à Marcel s’apparente presque à de l’écriture autobiographique destinée à être lue par d’autres. Remarquons également que ce même ensemble de lettres est dénué de critiques ou d’observations à teneur politiques – ce qui est plutôt surprenant en tenant compte de l’effervescence qui avait cours à cette époque autour de l’imminent référendum de 1980. Ce corpus témoigne aussi d’une importante mise à l’écart de l’interlocuteur, que ce soit en soulignant la rareté ou l’absence des interventions de Marcel49 ou en faisant l’économie de formules autrefois communément utilisées comme « Écris-moi bientôt » (MCGF, p. 137), « En attendant ta prochaine lettre […] » (MCGF, p. 253) ou encore « Ne manque pas de me donner toutes les nouvelles te concernant. » (MCGF, p. 450) Marcel ne devient finalement « que le représentant de tous les lecteurs potentiels des lettres et de l’œuvre50 ». À travers l’abondante correspondance qu’elle entretient avec son époux, la frontière que semblait tracer Roy entre l’écriture épistolaire et son œuvre publiée semble ainsi acquérir une porosité qui fait en sorte qu’elle s’autorise de moins en moins à véhiculer des opinions tranchées.

La lettre, chez Roy, s’élabore donc indépendamment de l’œuvre tout en se soumettant à de nouvelles contraintes susceptibles de favoriser l’engagement du discours. En entretenant presque quotidiennement ses liaisons filiales et amicales par la correspondance, l’écrivaine inscrit sa parole dans l’actualité du lieu où elle se trouve. Ce geste lui permet aussi de contourner l’organisation sociale et sexuelle de l’espace pour révéler librement ses opinions, que ce soit dans ses échanges privés ou, dans une certaine mesure, dans l’unique lettre qu’elle a adressée à la Presse Canadienne. Enfin, là où la distance entre la figure de l’épistolière et celle de la romancière se révèle sans doute avec le plus de force, c’est dans l’adresse au destinataire. C’est lorsque ce dernier est le mieux défini que l’engagement de l’écriture est le plus évident dans les lettres. Comme l’a montré l’étude des échanges entre les deux époux, quand l’interlocuteur perd de sa spécificité, le ton apparaît plus nuancé et se rapproche de celui qui caractérise l’œuvre publiée. Du reste, cela ne signifie pas pour autant que Gabrielle Roy est un personnage contradictoire. On trouve une forme de réconciliation dans la conception de la littérature qu’entretient l’écrivaine. À ses yeux, « [t]out ce qui tranche, tout ce qui juge, tout ce qui proclame ou dénonce est contraire à la vérité du roman, et donc à sa réussite esthétique51 ». En dehors de son rôle de romancière, elle peut donc se permettre d’émettre librement ses opinions sans compromettre la pluralité de sens qui peut être attribuée à son œuvre et, par le fait même, la qualité de celle-ci.

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  1. Même si les premières critiques de Bonheur d’occasion ont généralement considéré l’œuvre comme un « document social » sur la condition ouvrière, comme « l’explication d’une thèse », comme « la charte des pauvres gens », l’hypothèse de l’« engagement social » contenu dans le roman tend à être nuancée aujourd’hui. D’ailleurs, la romancière elle-même n’a identifié aucun autre moteur à l’écriture de son premier roman que « l’indignation » au sens large, ne se réclamant d’aucun mouvement ou d’aucune doctrine (Novella Novelli, Gabrielle Roy. De l’engagement au désengagement, Rome, Bulzoni, 1989, (« I Quattro continenti »), p. 16‑17).

  2. Gabrielle Roy citée dans Paul Wyczynski, « Gabrielle Roy », in Le roman canadien-français. Évolution, témoignages, bibliographie, Montréal, Fides, 1964, (« Archives des lettres canadiennes »), p. 304.

  3. Gabrielle Roy citée dans François Ricard, Gabrielle Roy. Une vie, Montreal, Boréal, 1996, (« Cahiers-photos »), p. 431.

  4. Benoît Denis, Littérature et engagement. De Pascal à Sartre, Paris, Seuil, 2000, (« Points essais »), p. 30.

  5. Gabrielle Roy, citée dans Le Devoir, Montréal, 31 juillet 1967, p. 6.

  6. Voir notamment Dominique Guérin-Garnett, La « Saga » de Gabrielle Roy ou « La fuite de Lina », mémoire de maîtrise, Université Carleton, 1990, et Lori Saint-Martin, La voyageuse et la prisonnière. Gabrielle Roy et la question des femmes, Montréal, Québec, Boréal, 2002, (« Les cahiers Gabrielle Roy »), p. 28‑37.

  7. François Ricard, op. cit., p. 432.

  8. Gabrielle Roy, Mon cher grand fou. Lettres à Marcel Carbotte, 1947-1979, Éds. Marcel Carbotte, François Ricard et Jane Everett, Montréal, Boréal, 2001, (« Les cahiers Gabrielle Roy »). Désormais, les renvois à cette édition seront signalés par la seule mention MCGF suivie du numéro de la page.

  9. Gabrielle Roy, Ma chère petite sœur. Lettres à Bernadette, 1943-1970, Éds. François Ricard, Dominique Fortier et Jane Everett, Montréal, Boréal, 1999 [1988], (« Les cahiers Gabrielle Roy »). Désormais, les renvois à cette édition seront signalés par la seule mention MCPS suivie du numéro de la page.

  10. Gabrielle Roy et Margaret Laurence, Entre fleuve et rivière. Correspondance entre Gabrielle Roy et Margaret Laurence, Saint-Boniface, Éditions des Plaines, 2013. Désormais, les renvois à cette édition seront signalés par la seule mention EFR suivie du numéro de la page.

  11. Au sujet de l’engagement romanesque de Gabrielle Roy, voir Laurianne Thibeault, Repenser l’engagement romanesque de Gabrielle Roy : entre subjectivité et nuance, mémoire de maîtrise, Université Laval, 2022.

  12. Bernard Bray, « Espaces épistolaires », Études littéraires, Vol. 34 / 1-2, 2002, p. 133.

  13. François Ricard, op. cit., p. 434.

  14. Gabrielle Roy, citée dans François Ricard, « Gabrielle Roy romancière ou “La plus grande vérité humaine” », in Isabelle Daunais, François Ricard, Sophie Marcotte, (éds.). Gabrielle Roy et l’art du roman, Éds. Isabelle Daunais, François Ricard et Sophie Marcotte, Montréal, Boréal, 2010, (« Les cahiers Gabrielle Roy »), p. 14.

  15. Ismène Toussaint, Gabrielle Roy et le nationalisme québécois, Montréal, Lanctôt, 2006, p. 54.

  16. Selon la liste des œuvres recensées sur le site Internet de BAnQ. Andrée Sabourin, « À la découverte de la collection nationale. La Crise d’octobre. », Bibliothèques et Archives nationales du Québec, 2010, [En ligne : https://www2.banq.qc.ca/collections/collections_patrimoniales/bibliographies/crise_octobre.html].

  17. Bernard Bray, op. cit., p. 140.

  18. Gabrielle Roy avait l’habitude d’informer rigoureusement son mari de la météo dans ses lettres. Voir notamment « Phoenix. Hiver 1970-1971 », in MCGF, p. 627-650.

  19. Loi pour promouvoir la langue française au Québec, LQ 1969, c. 9, art. 3.

  20. François Ricard, op. cit., p. 431.

  21. Brigitte Diaz, « Épistolaire et identité féminine », in L’épistolaire ou la pensée nomade, Paris, Presses universitaires de France, 2002, (« Écriture »), p. 195‑223.

  22. Mylène Bédard, Écrire en temps d’insurrections. Pratiques épistolaires et usages de la presse chez les femmes patriotes (1830-1840), Montréal, Québec, Les Presses de l’Université de Montréal, 2016, (« Espace littéraire »).

  23. Julie Roy, « Le “genre” prétexte : récit de soi et critique sociale dans les correspondance féminines au tournant du XIXe siècle », in Bernard J. Andrès, Marc André Bernier, (éds.). Portrait des arts, des lettres et de l’éloquence au Québec (1760-1840), Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2002, p. 181‑201.

  24. Ibidem, p. 210.

  25. Gabrielle Roy citée dans Dominique Fortier, « Les passages fantômes du Temps qui m’a manqué », in François Ricard, (éd.). Gabrielle Roy inédite, Québec, Nota Bene, 2000, (« Séminaires »), p. 25‑35.

  26. Carol J. Harvey, « Gabrielle Roy, pionnière en paroles et en gestes », Cahiers Franco-Canadiens de l’Ouest, Vol. 10 / 1, 1998, p. 180.

  27. Marina Yaguello, Les mots et les femmes. Essai d’approche sociolinguistique de la condition féminine., Paris, Payot & Rivages, 2002 [1978], (« Petite bibliothèque Payot »), p. 37.

  28. Benoît Denis, op. cit., p. 30.

  29. Juliette Bernatchez, L’engagement littéraire au féminin durant la Révolution tranquille. Le cas de Claire Martin, mémoire de maîtrise, Université Laval, 2019, p. 1.

  30. Gabrielle Roy citée dans François Ricard, op. cit., p. 431.

  31. Charles de Gaulle, Montréal, 24 juillet 1967.

  32. Gabrielle Roy citée dans François Ricard, op. cit., p. 432‑433.

  33. Ibidem, p. 432.

  34. Ibidem, p. 432.

  35. Ibidem, p. 433.

  36. Ibidem.

  37. Julie Roy, op. cit., p. 181-201.

  38. Claire Blandin, « Femmes de lettres dans la presse féminine », COnTEXTES, 2012, [En ligne : https://journals.openedition.org/contextes/5329].

  39. François Ricard, op. cit., p. 226.

  40. Le Devoir, Montréal, 31 juillet 1967, p. 6.

  41. Julie Roy, op. cit., p. 197.

  42. François Ricard, op. cit., p. 434.

  43. Gabrielle Roy citée dans Paul Wyczynski, op. cit., p. 303.

  44. Ismène Toussaint, op. cit., p. 54.

  45. En 1970, le gouvernement de Robert Bourassa envisageait l’adoption d’un régime public d’assurance maladie, ce à quoi s’opposait la Fédération des médecins spécialistes du Québec.

  46. Sophie Marcotte, Gabrielle Roy, épistolière. La correspondance avec Marcel Carbotte, thèse de doctorat, Université McGill, 2000.

  47. Sophie Marcotte, « Présentation », in MCGF, p. 12.

  48. « Floride. Hiver 1978-1979 », in MCGF, p. 703-721.

  49. Celui-ci, en effet, « ne tarde pas à espacer ses réponses, jusqu’à ne plus écrire du tout dans les dernières années. » (Sophie Marcotte, « Présentation », in MCGF, p. 13.)

  50. Idem.

  51. François Ricard, loc. cit., p. 31.


Laurianne Thibeault partage son temps entre la rédaction d’un mémoire de maîtrise en études littéraires à l’Université Laval et l’enseignement de la littérature au Cégep de Sainte-Foy. Membre du CRILCQ depuis 2019, ses recherches s’intéressent au lien entre la subjectivité et l’engagement du discours chez Gabrielle Roy. Son premier article, portant sur la place des Nord-Américaines au Parlement des écrivaines francophones, est paru en 2021 dans le collectif Écrire pour gouverner, dirigé par Jonathan Livernois. Elle a également préparé l’édition d’extraits de la correspondance entre Gabrielle Roy et Madeleine Perrault, qui sont à paraître sur le site du projet HyperRoy.

 

 

 

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