Résumé: Le Nez qui voque (1967) et L’hiver de force (1973) de Réjean Ducharme mettent en scène des couples de personnages qui refusent de se plier aux impératifs sociétaux, spécialement par le biais d’un rapport à l’argent qui va à l’encontre de celui que prône la société. Face à la toute-puissance affichée du capital, les protagonistes de Ducharme opposent deux ripostes : un refus de participer à la société capitaliste et une résistance à l’omniprésence de la marchandisation. Dans une perspective sociocritique, cet article relève le traitement que réservent les textes à ces deux attitudes, et observe comment les billets de la revue Mainmise (1970-1978) permettent d’insister sur la resémiotisation des thèmes qui s’opère dans les deux romans.
Publiés à sept ans d’intervalle, Le Nez qui voque (1967) et L’hiver de force (1973) se situent de part et d’autre du début des années 1970, moment où se soldent avec un succès mitigé les divers mouvements révolutionnaires de la décennie précédente (Mai 68, Printemps de Prague, Révolution tranquille, etc.). Ces deux romans mettent en scène des couples de personnages marginaux, Mille Milles et Chateaugué puis André et Nicole, qui refusent de se plier aux impératifs sociétaux. Dans Le nez qui voque, Michel Biron observe le rejet du capitalisme et de l’urbanité, le refus d’être de celles et ceux qui peuvent fonctionner dans un monde, les travailleurs et les automobilistes1. Une résistance semblable au monde corporatif et économique est observable dans L’hiver de force, où les personnages refusent de s’acquitter des rares contrats qu’ils obtiennent, préférant lire La flore laurentienne de Marie-Victorin. Ces livres offrent à lire deux manières de se révolter contre un état de fait irrecevable et mettent en scène des personnages aux prises avec un conflit . Dans un monde en pleine industrialisation, comment refuser, au nom d’idéaux contre-culturels et moraux, de se soucier de l’argent alors que notre survie en dépend ? Dans une perspective sociocritique2, nous observerons le traitement réservé dans Le nez qui voque et L’hiver de force à différents motifs relatifs au monde économique (argent, travail rémunéré, industrialisation, publicité et consommation). Nous le comparerons à la manière dont ces mêmes thèmes sont abordés dans les articles et billets de Mainmise, magazine contre-culturel québécois qui est paru plusieurs fois par année entre 1970-1978. Sans prétendre que Réjean Ducharme aurait lu Mainmise ou se serait impliqué dans le mouvement des freaks, nom que se donnent les membres de la contre-culture, c’est-à-dire s’opposant à la culture admise et au système capitaliste, nous posons comme hypothèse de travail que Mainmise, en tant que source de discours contemporains à l’écriture des romans, offre un aperçu sur l’imaginaire social contre-culturel des années 1970 et permet d’observer ce que les deux textes de Ducharme font de ce matériau. Nous nous intéresserons principalement à deux réponses à la toute-puissance de l’argent : le refus intransigeant et vain d’intégrer un âge corrompu par le capital, et les tentatives de se soustraire à l’omniprésence de la marchandisation.
1. La pureté et l’industrialisation
Comme si l’argent était une religion ou une affiliation politique qui n’avait aucune incidence sur sa vie, Mille Milles, le protagoniste du Nez qui voque, s’en détache avec bravade en affirmant : « Ce n’est pas à cause de l’argent que nous nous suicidons. Nous ne sommes pas communistes. Nous ne croyons pas à ces choses-là3. » Poussant plus loin cette fausse naïveté qui cherche à mettre en lumière l’absurdité du pouvoir que la société confère à l’argent, Mille Milles va jusqu’à s’exclamer comme un enfant : « Travailler ? Pourquoi ? Pour gagner notre vie ? La vie est gratuite voyons ! » (NV, 163). Cette idée de l’inanité de l’argent s’étend au point d’être prêtée à des figures de victimes du capitalisme, de l’industrialisation ou du star-system. Mille Milles s’imagine par exemple que Marilyn Monroe « avec quels cœurs ils avaient été capables de la trahir… la trahir pour de l’argent. Elle , quelques minutes avant de se suicider : “Qu’est-ce qu’on fait avec de l’argent ?” » (NV, 60). La volonté d’opposer une incompréhension butée aux règles de la société – partagée d’ailleurs par les protagonistes de L’hiver de force qui aimeraient ne plus comprendre le mot « payer », et ainsi ne pas avoir à s’acquitter de leur loyer4 – est la pierre angulaire de la réflexion de Mille Milles. Il se réclame d’une candeur enfantine bien qu’il soit aux portes de l’adolescence et ne puisse faire autrement que de basculer dans l’âge adulte, de la même manière qu’il aspire à une existence sans argent alors que la ville le contraint à trouver un emploi et à participer à la vie économique. Mille Milles fait ainsi écho aux freaks, qui écrivent dans les pages de Mainmise et dénoncent le culte que la société voue à l’« ostie dirty money5 », considérant que de participer à l’économie équivaut à une sorte de perdition morale : « le soir, je sors comme on sort les poubelles, je dépense mon argent et mon âme à engraisser la dompe montréalaise6 ». L’argent, dans l’imaginaire manichéen que conçoit Mille Milles, ne peut qu’émaner de sombres agissements, et, comme une perversité, il est incompréhensible pour les esprits purs.
Épris d’un idéal de pureté7, Mille Milles jauge tout à l’aune d’une opposition entre enfance et âge adulte. Les adultes sont pour lui ceux qui n’ont pas su résister à l’avilissement coupable qu’implique le fait de vieillir. Sa narration offre avec ce contraste entre innocence et corruption un exemple du « combat [entre] le bien et le mal, […] l’idéal et le pragmatique, […] [le] propre et [le] sale8 » qui se livre, selon Élisabeth Nardout-Lafarge, tout au long de l’œuvre de Ducharme. La corruption que craint Mille Milles est autant celle du sexe que celle de la marchandisation :
L’enfant et l’innocence me sont beaux aux larmes ; la maturité, l’achat, la vente, la clientèle et les sexes me sont laids jusqu’au dégoût, jusqu’au désespoir. […] Tous les adultes devaient être trouvés laids et hideux, non parce qu’ils étaient laids et hideux, mais parce qu’ils étaient acheteurs, vendeurs et ruisselants de péchés d’impureté. (NV, 240).
Si l’incipit du Nez qui voque clame haut et fort le refus de Mille Milles de changer comme sa société l’y enjoint et son désir de rester jeune, « intact, incorruptible » (NV, 11), la conclusion du roman fait état d’une reddition. Mille Milles est devenu un homme9, il se réjouit de gagner de l’argent10 et accepte sans autoflagellation le désir qu’il éprouve pour les serveuses du restaurant où il travaille11. Il était impossible de sauver le « Mille Milles immaculé […] de plus en plus mort » (NV, 216), tout comme il était impossible de résister aux forces inhumaines de l’industrialisation et du capitalisme. « C’est l’ère des machines ; ce n’est pas l’ère des bras » (NV, 37), dit Mille Milles à propos de la ville où être chômeur12, être logeur13 et se déplacer à bicyclette condamne à l’indigence et aux dangers, comme celui qui s’abat sur Chateaugué, « seule être à âme au sein de ce football à moteur » (NV, 89), qui est gravement heurtée par une voiture en essayant de traverser le boulevard Craig sur son vélo.
Les années 1960 sont ainsi une ère de machines et de chantiers, ceux des monuments industriels comme le complexe de la Place Ville Marie, la Tour de la Bourse et la Maison de Radio-Canada, pour l’édification desquels des quartiers sont rasés et des bâtiments d’une autre époque sont détruits. Mille Milles exprime ce double mouvement de destruction et de reconstruction lorsqu’il demande : « À qui sont ces voix perdues dans la nuit ? Sont-ce les voix de quelques bâtisseurs de et de leurs monstres d’acier ? Sont-ce les voies de quelques démolisseurs de cathédrales et de leurs grues ? » (NV, 303). Les cathédrales s’opposent aux édifices industriels, mais aussi aux comptes en banque lorsque Mille Milles déclare : « Je n’ai plus rien à dire aux démolisseurs de cathédrales […] aux bâtisseurs de comptes en banque. » (NV, 326). Les gratte-ciel et les comptes bancaires sont réunis, puisque conçus comme les remplaçants corrompus des cathédrales, comme les symboles d’une technocratie oppressive qui se substitue à la toute-puissance catholique. C’est un sombre « ceci tuera cela », en écho à Victor Hugo qui faisait dire à l’archidiacre Claude Frollo, dans Notre-Dame de Paris, que l’époque de l’architecture achevait, bientôt remplacée par celle de l’imprimerie, et que les livres deviendraient le véhicule de la connaissance et de la culture. Pour Mille Milles, la nouvelle ère ne recèle pas de telles promesses. L’époque des grues et des machines est aussi mystique que la précédente (Mille Milles n’a plus rien à dire non plus aux « saints du dollar, aux vierges et martyrs du dollar »[NV, 326]), et le protagoniste du Nez qui voque entend refuser d’obéir à l’industrialisation comme Bérénice avant lui dans L’Avalée des avalées affirme « ne [pas] marche[r] avec Yahveh ». Tous les deux préfèrent, comme le souligne Élizabeth Nardout-Lafarge, s’opposer à la loi et à « tous les catéchismes14 » qui placent l’individu dans une position subordonnée.
Cette mise au rebut de l’homme au profit des produits de l’industrialisation trouve un écho dans les préoccupations anti-urbanisation de Mainmise, où on se désole que « l’oncle Sam », métonymie du capitalisme américain qu’on qualifie volontiers d’impérialiste15 et de prédateur16, ait « suc[é] [les Québécois] vers les villes17 » où ils vont « s’abrutir dans les usines18 », où ils sont « chambreurs19 », assujettis à « l’argent, le boss, le béton20 ». Désillusionnés devant l’industrialisation et la grisaille urbaine, les freaks peuvent rêver à une échappatoire par le « retour à la terre, [à] une vie sans plastic [sic] et sans cambouis21 », mais l’option de quitter Montréal et sa « misère psychique22 » n’existe pas dans Le nez qui voque. Mille Milles évoque parfois la campagne idyllique d’où il vient et qu’il a quittée pour la ville23, mais en dehors d’une tentative avortée de rendre Chateaugué à ses parents adoptifs aux Îles de Sorel, aucun retour en arrière n’est possible.
Si les freaks usent d’une sévérité semblable à celle de Mille Milles pour noircir la ville, ce « trou sale » dans lequel « des milliers de gens [sont] emprisonnés24 », il ne leur est pas possible d’être aussi catégoriques que lui par rapport à la nécessité de l’argent. Karim Larose et Frédéric Rondeau soulignent que si la contre-culture reste « malléable » et difficile à définir compte tenu de son absence de manifeste, d’hiérarchie ou de conditions d’adhésion claires, les tendances hétérogènes qu’elle réunit (« de “l’idéologie gauchiste, des “religions orientales”, du “mal du siècle romantique”, [à] la “doctrine anarchiste”25 ») tendent toutes à rejeter la société et la culture dominantes, et nous pouvons alléguer que ce rejet s’étend à l’attitude relative à l’argent que prônent cette société et cette culture capitalistes. Or, il est admis dans les pages de Mainmise que même la vie « parallèle26 », soit celle des marginaux27 qui rejettent les idéaux de la société nord-américaine, a ses impératifs économiques, et que même les freaks, les artistes et les objecteurs de conscience ont « besoin de manger28 ». Dans Mainmise, toutefois, on peut imaginer une alternative à l’« emploi “straight”29 », cautionné par la culture dominante et qui, pour les freaks, condamne l’individu au quotidien « aliéné et a-sensualisé30 » du « métro à cinq heures, [du] travail abrutissant […], [et des] problèmes d’argent31 ». Les freaks prônent ainsi en grand nombre le retour à l’agriculture, à l’autosuffisance et à l’artisanat. Il est aussi possible de « travailler […] pour le Mouvement32 », en écrivant, en participant à la radio indépendante, en œuvrant dans une coopérative. Tout travail ne revient pas à se « prostitue[r] […] à heures fixes33 » et à « devenir un individu stérile et dépersonnalisé34 ». C’est pourtant ce à quoi consent Mille Milles, qui, n’ayant pas pu résister au système, s’y plie avec une reddition jubilatoire : « Mon âme s’ouvre et se tend pour accueillir la médiocrité, le grotesque américanisme, la servitude, l’indigence de cœur et l’insipidité d’esprit, la soumission et la reddition » (NV, 216). Ici aucun compromis n’est envisageable entre les idéaux et les impératifs, et nulle communauté de marginaux n’existe pour tendre une main à l’adolescent qui se voulait « seul, intact, incorruptible » (NV, 11). Il n’est pas anodin de rappeler que, bien que se considérant parfois comme la moitié d’un être bicéphale (NV, 103) que Chateaugué complète, Mille Milles est toujours explicitement seul à écrire, précisant même qu’il cache ses écrits à Chateaugué, alors qu’André et Nicole s’adonnent ensemble accord à la rédaction d’un carnet sur leur « vie platte » (HF, 17) et parlent presque exclusivement à la première personne du pluriel. Cette écriture en est plus près de celle de Mainmise, dont les multiples contributeurs travaillent ensemble à l’élaboration d’une identité désindividualisée, à un « branchement35 » total entre lecteurs, collaborateurs, rédacteurs, allant jusqu’à fréquemment ne pas signer leurs billets. La solitude de Mille Milles, comme son rejet du culte de l’argent, est totale et délétère, là où les freaks ont trouvé des compromis leur permettant de tenir leurs positions.
2. La marchandisation et le drop out
Six ans plus tard, et « [frisant] la trentaine » (HF, 22) alors que Mille Milles et Chateaugué n’avaient que seize36 et quatorze37 ans, André et Nicole se présentent comme plus cyniques. Ils n’offrent pas de rebuffades enfantines aux impératifs du système capitaliste ; ils semblent au contraire se calquer au lexique dominant de l’emploi et de l’argent, revenant fréquemment au leitmotiv de la « job payante » (HF, 22) qu’ils recherchent. Ce désir d’aisance n’entre pas en contradiction avec leurs velléités de dénuement et d’oisiveté, puisqu’ils recherchent plus spécifiquement une « job de $250 par semaine à ne rien faire dans la publicité » (HF, 121). L’argent est délibérément divorcé de toute notion morale de mérite : il peut s’obtenir sans travail, il ne signifie rien. Même le souvenir d’une bourse reçue pour une exposition de leurs tableaux, « [le] temps qu’[André et Nicole] nageai[en]t dans l’argent (les bidoux du Conseil des Arts) » (HF, 18), est vide de fierté et de justification, parodié avec le syntagme hyperbolique « nager dans l’argent ».
André et Nicole n’accordent pas une valeur symbolique à l’argent, mais ne prétendent pas nier son importance. Le faire est un privilège de classe que peuvent se permettre Laïnou, une « athée enragée de l’argent » (HF, 65) aussi naïve peut-être que Mille Milles, ou Catherine, amante d’un homme aisé, qui juge les protagonistes lorsqu’ils commandent le plat le moins cher au restaurant :
Comme tous les Québécois de la base, vous culpabilisez quand vous mangez autre chose que de la marde… […] la dignité humaine, c’est la différence entre le faisan à la broche et le pâté chinois réchauffé quarante-deux fois ! Get out of your ghetto ! (HF, 257).
Les protagonistes reconnaissent l’importance de l’argent, admettent travailler « pour assurer leur subsistance » (HF, 66), mais ne se révoltent pas moins, à leur manière, en caressant des rêves diamétralement opposés à ceux que prescrit la société capitaliste nord-américaine, comme celui de « ne rien avoir et de ne rien faire » (HF, 93). Le refus d’André et Nicole de participer à la société ressemble au phénomène du drop out, option choisie par plusieurs marginaux selon Mainmise. Le drop out se produit lorsqu’un individu décide, confronté à un système perçu comme « irrecevable38 », de s’en retirer purement et simplement. Le drop out est une conséquence de « l’écœurement, [de] la désolation39 », c’est « un saut, une rupture radicale40 », une décision que prennent ceux qui « n’en peuvent plus, physiquement et mentalement, du régime d’oppression dans lequel on voudrait les forcer de vivre41 ». Refusant les contrats dont ils ont pourtant besoin, ne payant pas leur loyer, André et Nicole ont sauté dans le vide et ont effectué un drop out, mais rien n’amortit leur chute. Ce ne sont pas, comme d’aucuns l’ont reproché aux freaks, « des rats qui quittent la cale du bateau juste avant le naufrage42 », d’abord parce que rien, dans l’univers de L’hiver de force, n’indique que le système capitaliste va à sa perte, et ensuite parce que les protagonistes ne cherchent pas à se sauver en lui échappant.
L’époque dans laquelle évoluent les personnages est en effet complètement régie par la marchandisation, dont le spectre dépasse les simples biens achetables. La manière de parler, non pas celle des intellectuels à la mode, mais celle de la classe ouvrière, a déjà été transformée en marchandise. C’est ainsi qu’André définit le joual en note de bas de page : « Jargon montréalais raffiné par le théâtre puis exploité par la chanson et le cinéma québécois. » (HF, 21) Le prisme de la consommation, de l’achat et de la vente a envahi l’imaginaire au point d’apparaître dans les divagations métaphysiques d’André : « T’imagines-tu qu’à force que tu vas dire que tu ne trouves pas la vie de ton goût, ils vont te rendre ton argent et t’en offrir une toute neuve, tout autre, tout extraspéciale tout exprès pour toi, donc, épais ? » (HF, 143). Instinctivement, la langue et la vie sont assimilées à des produits, malgré le désir affiché des personnages de ne pas jouer le jeu de la marchandisation. Les protagonistes affirment haut et fort que « assez d’argent c’est trop d’argent » (HF, 78) et que la beauté de la Flore laurentienne tient précisément à ce qu’on ne puisse pas « exploiter » l’information qu’elle contient43.
Dès l’incipit, André évoque leur « haine », à Nicole et à lui, « pour tout ce qui veut [les] faire vouloir comme des dépossédés » (HF, 16). Le verbe conjugué « veut » indique un dessein ; le désir n’est pas accidentel, mais prévu, provoqué par une instance lointaine, ce « tout ce qui » fait de « mille masses en mouvement, armées de micros, de typos, de photos, de labos » (HF, 15). Ce sont la publicité et les médias qui cherchent à s’immiscer dans les esprits. Les « annonces » sont effectivement perçues comme des salves dangereuses visant la tête, pouvant survenir à tout moment, contre lesquelles il faut se prémunir et qu’il faut « [fuir] de canaux en canaux » (HF, 156). Les personnages vont jusqu’à réagir physiquement pour les éviter, qu’il s’agisse de tourner la tête, « car le black-out en étoile qui annonce les annonces vient de se produire et qu’on ne veut pas les attraper en pleine figure » (HF, 32), ou de se boucher les oreilles « pour traverser l’annonce de Brault et Martineau » (HF, 151).
La publicité veut « faire vouloir », faire consommer, mais a des effets psychologiques importants sur les personnages qui n’ont pas les moyens de participer au jeu capitaliste. Quand une grève d’employés de la télévision force le canal 2 à projeter des longs métrages les uns à la suite des autres sans publicités, André s’exclame : « Pas d’annonces ! Pas de massages de méninges pour te faire halluciner toutes les cinq minutes, pour te punir, pour te faire regretter d’être un crotté, de ne pas faire partie d’une ligue de bowling, d’être pris pour passer tes soirées avachi devant la TV » (HF, 116).
Bien plus qu’elle ne pousse les personnages à l’action, la publicité est vécue comme un reproche et une punition. Dans cet extrait, heureux de ne pas subir les annonces, André révèle ce que, par bravade, il dissimule dans le reste de son discours. Au lieu de revendiquer la stupidité, l’inertie, la non-participation, il est soulagé de ne pas subir les reproches qui arrivent habituellement à l’atteindre. Il est reconnaissant qu’on ne le punisse pas de vivre sans consommer.
Le syntagme « société de consommation44 », emprunté à l’ouvrage de Baudrillard paru en 1970, est employé dans Mainmise pour résumer et condenser le système capitaliste, l’hégémonie culturelle et économique étatsunienne, l’omniprésence des incitatifs à la dépense. Les « mainmisiens45 », qu’ils aient lu ou non Baudrillard, pensent comme lui que l’accumulation d’objets délimite « un univers rassurant de fins46 », puisque la société préoccupée d’objets ne pense qu’en termes de besoins pouvant être comblés et ainsi occulte les problèmes, enjeux et aspirations non matériels de ses citoyens. Ils confèrent en plus à la société de consommation une toutepuissance malveillante propre au courant de pensée contre-culturel tel que souligné par Roszak47 ; la société exercerait sciemment un contrôle sur ses membres, et la « panoplie48 » de produits multiples se déversant sur les individus ne serait qu’un des outils de la technocratie. Cette société axée tout entière autour de la marchandisation vise en effet selon les freaks à « garder [l’individu] prisonnier49 ». Elle « tisse continuellement un état paranoïaque afin d’instaurer perpétuellement le contrôle des individus50 », elle réduit ses victimes à des « pantins51 » vivant dans une « société usine52 ». Elle est surtout « enseigné[e] par la publicité53 », cherche à « augment[er] artificiellement les besoins de base de l’individu54 » en « renouvel[ant] sans cesse le stock de ses gadgets désennuyants55 », parmi lesquels, en tête de liste, se retrouve la télévision, symbole pour les tenants de la contre-culture de l’acculturation et de la facilité. Ceux que le système a réussi à convaincre « ouvr[ent] un crédit pour acheter une télévision couleur56 », ont peur de « perdre leur grosse […] TV et leur ouvre-boîte électrique57 ». La télévision, qui est à la fois un produit de la société de consommation et un instrument de propagation de ses incitations à acheter est un exemple de l’autoaliénation que perpétuent les straights58, les opposés des freaks qui adhèrent à la société de consommation. Il va sans dire que la libération nécessite d’« éteindre [son] poste de télévision, [de] s’arracher à [son] gros “lazy boy’’59 », ce que les protagonistes de L’hiver de force refusent pourtant de faire.
André et Nicole n’ont pas d’illusions quant au système qui les oppresse, mais n’acceptent pas pour autant de renoncer à leur télévision. Cet objet demeure important et précieux, c’est le dernier dont les protagonistes acceptent de se départir lorsqu’ils font maison nette : « On va tout vendre, même notre argent. On va garder juste notre TV. Après on va dormir sur le plancher (si personne ne veut l’acheter). » (HF, 110). La télévision est une machine à disséminer du « bavardage » et du « vide », comme le souligne Jean-François Chassay ; elle permet de s’abandonner à la médiocrité60, de refuser sciemment de jouer le jeu de la haute culture et du capital symbolique : « Il n’y a rien de plus déprimant que Doris Day et Cary Grant dans To Catch a Thief. C’est ce qu’on est en train de se taper, […] on veut se rendre malades. » (HF, 202).
La télévision offre aussi aux personnages la possibilité de tester leurs forces et d’imposer leur propre volonté aux machines et aux médias. Le duel avec la télévision permet à André et à Nicole de résister à l’aliénation en gagnant la lutte de leur époque en microcosme. Comme l’a relevé Jean-François Chassay, il leur permet de se mesurer à un « vide [qui] se supporte mieux que d’autres61 » :
On a vu si souvent Comment qu’elle est qu’on croit qu’on va faire une autre dépression carabinée. […] Non ! Je dis non ! Non, on ne se laissera pas réabattre comme ça ! Ils ne prévaudront pas ! On va tenir tête ! On va faire le contraire de ce qu’ils croient ! On va regarder encore Comment qu’elle est ! Jusqu’au bout ! Pas d’un seul œil ! Pas par-dessus la jambe ! Non ! On va s’appliquer ! Ils auront jamais vu ça ! […] Puis si le film recommence tout de suite après, on va se le retaper ! On va les toffer ! (HF, 34)
Devant l’inhumanité des forces de subjugation qui pèsent sur les protagonistes, la télévision-antagoniste leur permet de prouver leur valeur, de résister à l’inanité dans le théâtre intime de leur propre logement. André et Nicole s’offrent une illusion d’agentivité en choisissant de réécouter Comment qu’elle est. Dans leur univers, la seule manière de préserver son ego face aux forces titanesques des médias est de prétendre choisir son aliénation, de consommer cette aliénation jusqu’à la lie plutôt que de passivement la subir.
Tout comme ils transforment en confrontation glorieuse le fait de consommer des médias conçus pour les endormir, André et Nicole empruntent des chemins détournés pour travestir le système qui régit les comportements relatifs à l’argent. Pour « repartir à zéro » (HF, 19), les personnages décident de « tout vendre, même [leur] argent » (HF, 110). Le verbe « vendre » est ici vidé de son sens d’échange de biens contre de l’argent, puisque même l’argent doit être vendu, c’est-à-dire disparaître. Quand les personnages décident de garder de l’argent, c’est d’une manière détournée et non par économie ou par prudence. À l’argent qui impose sa toute-puissance, qui demande qu’on le dépense ou qu’on l’accumule, ils répondent en le transformant en objet vide de sens, en un collier qui symbolise leur refus de participer au capitalisme :
Les $50 [que Nicole porte en collier], on ne veut pas y toucher, on veut se faire enterrer avec, comme Néfertiti et Aménophis IV. On va écrire dans notre testament : “On n’a pas dépensé nos $50 parce qu’on a rien trouvé dans vos hosties de rues qui valait $50.” (HF, 168)
La pulsion d’autodestruction par le dénuement d’André et de Nicole arrive à son paroxysme lorsqu’une des lampes de leur télévision brûle62. Ils la proposent à un vendeur d’occasion, méprisnt la somme dérisoire qu leur offre et, pour lui « [faire sentir] quel petit minus habens stupide il était » (HF, 161), la laissent partir pour une somme encore plus insignifiante. Refusant de s’abaisser à négocier, ils préfèrent la dignité de se faire sciemment voler. Le mouvement étant commencé, André et Nicole décident de « faire maison nette » (HF, 161), de vendre à perte tous leurs meubles et leurs électroménagers, et de détruire le reste : « La dernière chose qu’on a fait cuire dans le four du L’Islet Ultramatic c’est nos disques des Beatles » (HF, 162). Ces disques, seuls représentants de la culture populaire anglophone à ne pas être ridiculisés par la narration d’André, n’échappent pas à la destruction, pas plus que le disque longuement désiré de Boris Vian qui est jeté par la fenêtre après une seule écoute63.
Le vœu de pauvreté d’André et de Nicole est total ; il touche autant les possessions que l’emploi : « Que veux-tu que des ancolies fassent d’un poêle, d’un frigidaire, d’une TV ? On s’est débarrassé des nôtres. Deux amarantes parentes n’ont pas besoin d’une job de correcteurs d’épreuves à temps partiel ; on a laissé tomber la nôtre. » (HF, 163). L’assimilation des deux protagonistes aux ancolies et aux amarantes fait écho à leur lecture assidue de la Flore laurentienne, mais les positionne aussi comme issus d’un univers à l’opposé de celui de l’argent, du travail, des possessions matérielles. Le dénuement et le refus de l’argent fonctionnent comme un retour à l’état originel des personnages ; c’est un soulagement En effet, non pas déçus de perdre au change en vendant leurs biens aux prêteurs sur gage ou aux marchands d’occasions, André et Nicole y trouvent un apaisement :
À force de te faire fourrer tu deviens comme fataliste, résigné, doux, mou sous les coups. – Là on s’est fait fourrer correct, hein? Wow! Après t’être bien fait fourrer, tu te sens comme mieux. Tu te dis : j’ai eu ma punition, maintenant je suis quitte […]. Donc, on se sent absous. (HF, 156).
Loin des envolées révoltées de Mille Milles, André et Nicole sont résignés, voire amusés devant l’oppression économique qu’ils subissent. L’imaginaire religieux est convoqué par André avec l’emploi du concept d’absolution, qui sous-entend qu’une faute justifie la punition subie. André et Nicole méritent leur dénuement et s’en émerveillent comme une purification.
Cette idée de la pureté par l’indigence fait écho aux propos de Questa, l’amie de Mille Milles et de Chateaugué, dont l’époux est riche et qui perçoit l’argent comme nécessairement corrupteur : « Mes petites filles, il va les corrompre avec ses banques et ses chèques, ses clients, ses factures et ses affaires importantes. » (NV, 180). Les petites filles, comme les fleurs, sont conçues en opposition à l’argent et aux possessions, du côté de la beauté.
Conclusion : Dans la marge de la marge
Si l’œuvre de Ducharme, comme le souligne Élisabeth Nardout-Lafarge, est traversée d’oppositions entre ce qui est jugé bon et mauvais par ses protagonistes, il semble manifeste que dans les cas qui nous intéressent, le mauvais l’emporte. Mille Milles ne peut que vieillir et accepter de travailler, et André et Nicole qui ont vidé leur appartement et quitté la ville doivent quand même y revenir et accepter un emploi que leur trouve Robert, l’amant de Catherine. Le drop out a échoué. Dans les deux romans, les personnages sont marginaux au point de n’avoir aucun semblable, au point d’avoir une nature qui ne peut exister simultanément avec la société dans laquelle ils évoluent. Ce n’est pas un détail de souligner que Mainmise, loin d’être un simple agrégat d’éléments de discours appartenant à des marginaux, est aussi et surtout le lieu où peuvent être émis et confrontés ces éléments de discours. Mainmise s’évertue à permettre les échanges entre freaks ainsi qu’à montrer que ces échanges existent. Une lectrice écrit, dans une des nombreuses pages du magazine dédiées au courrier des lecteurs : « votre revue est venue […] me dire que je ne suis pas seule, qu’il y a des tas d’autres jeunes un peu partout engagés dans les mêmes recherches et les mêmes espérances que moi64 ». Cette communauté a existé au Québec au moins dès le début des années 1970, ce qui rend la solitude d’André et de Nicole, vivant tous deux sur papier à partir de 1973, un élément particulièrement marquant du point de vue de la sociocritique. Les freaks existent dans L’hiver de force, mais la communauté égalitariste qui accepterait les rêveurs et les non-conformistes dans ses rangs et leur permettrait de se bâtir une vie qui ne les aliène pas reste hors d’atteinte pour les personnages.
Bibliographie
ANONYME, « Comment ouvrir un “head-shop” à Montréal », 1971.
ANONYME, « Lachez pas », Mainmise, 1973.
ANONYME, « Les prédateurs américains », 1973.
ANONYME, Mainmise, 1974.
BAUDRILLARD, Jean, La société de consommation, Paris, Denoël, 1970.
BÉLAIR, Michel, « Le mythe de la réalité ou la réalité du mythe », Mainmise, 1975.
BIRON, Michel, L’absence du maître : Saint-Denys Garneau, Ferron, Ducharme, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2000, (« Socius »).
BOUCHER, Denis, « La manifestation de la terre glaise ou comment faire pousser ses pots », Mainmise, 1971.
BOURQUE, Normand, « Le recyclage de l’éducation par le cannabis », Mainmise, 1971.
BRIN D’ACIER, Lili, « Le Québec électrique », Mainmise, 1973.
CHAMBERLAND, Paul, « D’ici le Grand Changement », Mainmise, 1974.
CHAREST, Christiane, FONTENAY, Danielle de, LANIEL, Christine, [et al.], « Entre deux joints », Mainmise, 1971.
CHASSAY, Jean-François, « La tension vers l’absolu total », Voix et Images, Vol. 21 / 3, 2006, p. 478‑489, [En ligne : http://id.erudit.org/iderudit/201259ar].
CLARK STEVENS, L., « EST ou comment se conduire durant la prochaine décennie », Mainmise, 1973.
DUCHARME, Réjean, Le nez qui voque, Paris, Gallimard, 1993, (« Folio », 2457).
DUCHARME, Réjean, L’hiver de force, Paris, Gallimard, 1985, (« Folio », 1622).
FRUCHIER, Claude, « Vivre sa ville », Mainmise, 1974.
GILBERT, René, « Contact et Re-ssources, Pour une collaboration urgente en agriculture organique », 1975.
GROSJEAN, R., Mainmise, 1974.
GUÉRINEAU, Anne-Marie, LAGACÉ, Jacques et LABERGE, Lyse, « Les tout seuls en ville », Mainmise, 1977.
JANNIE, « Mainmise sur la liberté », Mainmise, 1971.
LAROSE, Karim et RONDEAU, Frédéric, La contre-culture au Québec, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2016, (« Nouvelles études québécoises »).
LAVOIE, Gui, « Ça commence à bouger », Mainmise, 1974.
LAVOIE, Gui, « Il vient un temps… », 1973.
LEVINE, Norma, « L’Angleterre à l’heure des sans logis et du mysticisme », 1973.
NARDOUT-LAFARGE, Élisabeth, Réjean Ducharme : une poétique du debris, Saint-Laurent, Québec, Fides, 2001, (« Nouvelles études québécoises »).
POPOVIC, Pierre, « La sociocritique. Définition, histoire, concepts, voies d’avenir », Pratiques, décembre 2011, p. 7‑38, [En ligne : http://journals.openedition.org/pratiques/1762].
ROSZAK, Theodore, The Making of a Counter Culture, New York, Anchor Books, 1969.
TREMBLAY, Gérald, « Lettre ouverte à Madame Lise Payette, ministre à la Consommation et aux Coopératives et Institutions Financières, et responsable de la Commission sur le Statut de la Femme, et au Docteur Denis Lazure, ministre des affaires sociales », Mainmise, 1977.
TROTTIER, Raymond, le Lion Doux, « L’enfant, l’orgasme et la mère-terre », Mainmise, 1976.
TRUDEAU, Pierre Eliot, « REFLECTION – Le courrier averti », Mainmise, 1975.
WARREN, Jean-François, « Mainmise, un almanach du village global », in Frédéric Rondeau, Karim Larose, (dir.). La contre-culture au Québec, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2016, (« Nouvelles études québécoises »), p. 417‑432.
WIENER, Joan, « Une expérience alternative, l’Ashram occidental », Mainmise, 1971.
-
Michel Biron, L’absence du maître : Saint-Denys Garneau, Ferron, Ducharme, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2000, (« Socius »), p. 190.↩
-
Cet article adopte la perspective sociocritique présentée par Pierre Popovic dans « La sociocritique. Définition, histoire, concepts, voies d’avenir », Pratiques, décembre 2011, p. 7‑38, p. 9. Cette sociocritique qui prévoit trois gestes (la lecture de l’œuvre littéraire d’abord, la lecture dirigée des sources contemporaines ensuite et le retour vers l’œuvre littéraire et son analyse enfin) a guidé notre collecte de données. Cet article fait état de la confrontation entre les deux romans de Ducharme et les éléments de discours leur faisant écho recueillis dans les 78 numéros de la revue Mainmise.↩
-
Réjean Ducharme, Le nez qui voque, Paris, Gallimard, 1993, (« Folio », 2457), p. 39. Désormais abrégé en NV suivi du numéro de page.↩
-
Voir Réjean Ducharme, L’hiver de force, Paris, Gallimard, 1985, (« Folio », 1622), p. 17. Désormais abrégé en HF suivi du numéro de page↩
-
Denis Boucher, « La manifestation de la terre glaise ou comment faire pousser ses pots », Mainmise, 1971, p. 4.↩
-
Pierre Eliot Trudeau, « REFLECTION – Le courrier averti », Mainmise, 1975, p. 6.↩
-
« Pureté! Pureté! C’est Rimbaud qui a crié cela » (NV, 49)↩
-
Élisabeth Nardout-Lafarge, Réjean Ducharme : une poétique du débris, Montréal, Fides, 2001, (« Nouvelles études québécoises »), p. 174.↩
-
« Je suis de plus en plus en plus un adulte […] » (NV, 216).↩
-
« […] La perspective de toucher la paie ne contribue pas peu à me faciliter cette joie. » (NV, 246).↩
-
« Le peloton de serveuses en contient de jolies qu’il fait bon taquiner et regarder de travers. » (NV, 224).↩
-
« Dans la vie, il faut laver de la vaisselle, ou crever de faim » (NV, 281).↩
-
L’immeuble où habitent les adolescents est démoli sans avertissement un soir : « Ils étaient là avec leurs grues, et ils battaient leur plein, ils étaient en train de tout démolir. […] Les grues n’ont pas d’oreilles » (NV, 304).↩
-
Ibidem, p. 48.↩
-
Anonyme, Mainmise, 1974, p. 2.↩
-
Anonyme, « Les prédateurs américains », 1973, p. 51.↩
-
René Gilbert, « Contact et Re-ssources, Pour une collaboration urgente en agriculture organique », 1975, p. 2.↩
-
Gérald Tremblay, « Lettre ouverte à Madame Lise Payette, ministre à la Consommation et aux Coopératives et Institutions Financières, et responsable de la Commission sur le Statut de la Femme, et au Docteur Denis Lazure, ministre des affaires sociales », Mainmise, 1977, p. 24.↩
-
Anne-Marie Guérineau, Jacques Lagacé et Lyse Laberge, « Les tout seuls en ville », Mainmise, 1977, p. 25.↩
-
« 1973-1975 : la commune? », Mainmise, 1974, p. 15.↩
-
Ibidem, p. 15.↩
-
Anne-Marie Guérineau, Jacques Lagacé et Lyse Laberge, op. cit., p. 25.↩
-
« Nous allions pêcher des têtards avec des vieux rideaux. Nous allions manger des cerises à même les cerisiers. Nous revenions avec les dents noires. Nous allions nous faire surprendre par la pluie; nous buvions à même les nuages. » (NV, 169).↩
-
Norma Levine, « L’Angleterre à l’heure des sans logis et du mysticisme », 1973, p. 8.↩
-
Karim Larose et Frédéric Rondeau, La contre-culture au Québec, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2016, (« Nouvelles études québécoises »), p. 9.↩
-
Lili Brin d’acier, « Le Québec électrique », Mainmise, 1973, p. 10.↩
-
Nous employons le nom comme Warren qui en fait un terme tout à fait neutre, en le distinguant du vocabulaire de Mainmise : « ceux que la revue appelait les “trippeux” et les “freaks”, c’est-à-dire les marginaux qui cherchaient une façon différente de vivre de celle proposée par la société de masse. » Jean-François Warren, « Mainmise, un almanach du village global », in Frédéric Rondeau, Karim Larose, (dir.). La contre-culture au Québec, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2016, (« Nouvelles études québécoises »), p. 417‑432, p. 417↩
-
Anonyme, « Lachez pas », Mainmise, 1973, p. 20.↩
-
L. Clark Stevens, « EST ou comment se conduire durant la prochaine décennie », Mainmise, 1973, p. 147.↩
-
Raymond Trottier le Lion Doux, « L’enfant, l’orgasme et la mère-terre », Mainmise, 1976, p. 25.↩
-
Michel Bélair, « Le mythe de la réalité ou la réalité du mythe », Mainmise, 1975, p. 13.↩
-
Anonyme, « Comment ouvrir un “head-shop” à Montréal », 1971, p. 62.↩
-
Paul, « La commune est un microgroupe politique situé dans le réseau alternatif », Mainmise, 1974, p. 42.↩
-
L. Clark Stevens, op. cit., p. 146.↩
-
Anonyme, « Branchez-Vous », Mainmise, 1971, p. 144.↩
-
Voir Réjean Ducharme, op. cit., p. 16↩
-
Voir Ibidem, p. 21↩
-
Paul Chamberland, « D’ici le Grand Changement », Mainmise, 1974, p. 6.↩
-
Normand Bourque, « Le recyclage de l’éducation par le cannabis », Mainmise, 1971, p. 195.↩
-
Paul Chamberland, op. cit., p. 6.↩
-
Pénélope, « Et maintenant, Pénélope vous parle de MAINMISE », 1971, p. 63.↩
-
Christiane Charest, Danielle de Fontenay, Christine Laniel, [et al.], « Entre deux joints », Mainmise, 1971, p. 63.↩
-
Voir Réjean Ducharme, op. cit., p. 97↩
-
« Quand les adultes sont fumés par la marijuana », Mainmise, 1970, p. 133.↩
-
Jean-François Warren, op. cit., p. 419.↩
-
Jean Baudrillard, La société de consommation, Paris, Denoël, 1970, p. 61.↩
-
Theodore Roszak, The Making of a Counter Culture, New York, Anchor Books, 1969, p. 148.↩
-
Jean Baudrillard, op. cit., p. 61, p. 20.↩
-
Joan Wiener, « Une expérience alternative, l’Ashram occidental », Mainmise, 1971, p. 120.↩
-
Romain, « Occupons Mainmise pour regrouper nos différences », Mainmise, 1975, p. 10.↩
-
Gui Lavoie, « Il vient un temps… », Mainmise, 1973, p. 46.↩
-
Ibidem, p. 46.↩
-
« Quand les adultes sont fumés par la marijuana », op. cit., p. 133.↩
-
Joan Wiener, op. cit., p. 120.↩
-
Paul Chamberland, op. cit., p. 7.↩
-
Claude Fruchier, « Vivre sa ville », Mainmise, 1974, p. 12.↩
-
R. Grosjean, Mainmise, 1974, p. 6.↩
-
Les straights se voient dénommer ainsi par les freaks, grâce à renversement de valeur qui fait de l’adhésion à une norme, de la « droiture », un repoussoir. Voir Pénélope, op. cit., p. 21↩
-
Gui Lavoie, « Ça commence à bouger », Mainmise, 1974, p, 19.↩
-
Jean-François Chassay, « La tension vers l’absolu total », Voix et Images, Vol. 21 / 3, 2006, p. 478‑489, p. 482.↩
-
Ibidem, p. 480.↩
-
Voir Réjean Ducharme, op. cit., p. 160↩
-
Voir Ibidem, p. 41↩
-
Jannie, « Mainmise sur la liberté », Mainmise, 1971, p. 36.↩
Emmanuelle Dorion possède un baccalauréat en littératures de langue française et un diplôme d’études supérieures spécialisées en édition, et elle est présentement candidate à la maîtrise en études littéraires à l’Université du Québec à Montréal. Son projet de mémoire, dirigé par Geneviève Lafrance, porte sur les représentations du travail dans l’œuvre de Réjean Ducharme. Elle est coordinatrice éditoriale et directrice littéraire aux éditions Somme toute.
Les commentaires sont fermés, mais les rétroliens et signaux de retour sont ouverts.