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Relire : vers une écologie de la lecture

Christophe Charland, 2e cycle, Université du Québec à Montréal

Résumé : Cet article propose une réflexion sur la pratique de la relecture, qui occupe une place assez marginale dans le champ des études littéraires. Roland Barthes, en définissant sa théorie du texte, propose d’emblée cette pratique pour décloisonner la lecture des valeurs consuméristes du néo-libéralisme capitaliste. Cette théorie, notamment définie dans l’article « Texte (théorie du) » (1973), semble amener Barthes à appuyer la rédaction des Fragments d’un discours amoureux (1977) sur ses lectures « régulières et insistantes », dont la nature affective l’invite à développer des paramètres méthodologiques et théoriques nouveaux. L’article et l’essai de Barthes permettent de remarquer comment la pratique de la relecture, aux apparences banales et ennuyeuses, peut en fait changer notre rapport à la lecture ; la dimension plurielle et partielle du sens que cette pratique met de l’avant éclaire l’interactivité gouvernant l’acte de lecture, esquissant l’idée d’une « écologie de la lecture ».


Comme l’atmosphère de nos villes est aujourd’hui polluée par les gaz délétères de la circulation et des fumées industrielles, notre sensibilité artistique est intoxiquée par les interprétations multiples1.

Susan Sontag, « Contre l’interprétation »

On a tendance à parler de la lecture et d’autres pratiques signifiantes du domaine des arts comme si elles étaient épargnées ou séparées des enjeux que posent l’industrialisation et le modèle de prospérité et de progrès du capitalisme néo-libéral. Il apparaît pourtant que la « Grande Accélération » de la production industrielle et des activités humaines intoxique aussi notre sensibilité artistique, et affecte notre façon de lire. Derek Woods souligne à ce sujet que le développement des technologies de production et de diffusion d’informations, que désigne cette « Grande Accélération », aurait entraîné un phénomène qualifié d’infowhelm, qu’on pourrait traduire par une « surcharge d’informations », désignant la perpétuelle distraction que l’on ressent quand on lit : il y a toujours plus à voir, il y a toujours plus à lire, mais notre capacité à lire, elle, demeure la même2. Il serait donc nécessaire d’apprendre à changer notre rapport à l’information en assumant ce « Grand-Non-Lu » qui pèse sur nos lectures. Refuser la lecture en progression nous permettrait de retrouver une certaine attention dans nos pratiques de lecture afin de rétablir notre sensibilité (artistique).

C’est ainsi que je m’intéresserai ici à la relecture, une pratique généralement perçue comme étant des plus banales et ennuyeuses, étant donné sa nature répétitive dévalorisée par les valeurs de prospérité et de progression soutenues par notre société. Pourquoi prendre – voire perdre – le temps de relire un livre déjà lu alors qu’il y en a tant d’autres à découvrir ? La répétition d’activités aimées (comme la lecture) est en effet très peu répandue parce qu’elle nous apparaîtrait monotone et inintéressante. Ed O’Brien, psychologue de l’Université de Chicago, note à ce sujet que « the mere thought of completing a complex hedonic activity over and over may play in one’s mind as a tedious overdose of the same already-seen content, whereas the actual experience of repetition may prove less monotonous3 ». Dans cette perspective, ce n’est pas nécessairement parce qu’elle permet de consolider une connaissance plus approfondie du contenu d’une œuvre que la relecture devrait nous intéresser, mais plutôt parce qu’elle nous livre à une expérience esthétique privilégiée qui me semble avoir le potentiel de changer notre rapport à la lecture, au texte et au monde.

Dans son essai S/Z, Roland Barthes s’intéresse d’ailleurs à cette pratique pour insister sur la manière dont elle seule peut changer notre rapport au texte. Il souligne l’importance de cette pratique marginale, qui est, selon lui, la seule à être capable de nous rendre plus sensibles au caractère pluriel du texte :

[P]our nous qui cherchons à établir un pluriel, nous ne pouvons arrêter ce pluriel aux portes de la lecture : il faut que la lecture soit elle aussi plurielle […]. La relecture, opération contraire aux habitudes commerciales et idéologiques de notre société qui recommande de « jeter » l’histoire une fois qu’elle a été consommée (« dévorée »), pour que l’on puisse alors passer à une autre histoire, acheter un autre livre, et qui n’est tolérée que chez certaines catégories marginales de lecteurs (les enfants, les vieillards et les professeurs), la relecture est ici proposée d’emblée, car elle seule sauve le texte de la répétition (ceux qui négligent de relire s’obligent à lire partout la même histoire), le multiplie dans son divers et son pluriel : elle le tire hors de la chronologie interne (« ceci se passe avant ou après cela ») et retrouver un temps mythique (sans avant ni après) ; elle conteste la prétention qui voudrait nous faire croire que la première lecture est une lecture première, naïve, phénoménale, qu’on aurait seulement ensuite à « expliquer », à intellectualiser (comme s’il y avait un commencement à la lecture, comme si tout n’était déjà lu : il n’y a pas de première lecture, même si le texte s’emploie à nous en donner l’illusion par quelques opérateurs de suspense, artifices spectaculaires plus que persuasifs) ; elle n’est plus consommation, mais jeu (ce jeu qui est le retour du différent). Si donc, contradiction volontaire dans les termes, on relit tout de suite le texte, c’est pour obtenir, comme sous l’effet d’une drogue (celle du recommencement, de la différence), non le « vrai » du texte, mais le texte pluriel : même et nouveau4.

Barthes défend une pratique plus étendue de la relecture puisque, pour lui, la lecture réitérée d’une même œuvre nous indique que nos lectures et interprétations ne sont jamais tout à fait identiques et que le texte ne renferme pas un sens unique ; le texte, le sens et la lecture sont plutôt pluriels et, en un sens, jamais vraiment finis.

La relecture semble donc être la pratique toute désignée pour rétablir notre sensibilité artistique, puisqu’en insistant sur le caractère pluriel du texte, elle éclaire le caractère partiel de la lecture : si le sens d’une œuvre change à chaque lecture qu’on en fait, l’interprétation ne peut pas prétendre être une activité totalement rationnelle, objective et totalisante. La relecture souligne ainsi la nature plutôt instable de l’interprétation, et rend par le fait même sa valeur à l’expérience esthétique. Comme le souligne Erik Bertin, la réécoute d’un même morceau musical, tout comme la relecture, remplirait un rôle sémiotique autoréflexif très riche : « il s’agit d’une activité interprétative du sujet à l’égard de sa propre pratique dans son ensemble » où « [le sujet] est à l’écoute de sa propre expérience […], attentif à en reconnaître les traits marquants pour leur donner un sens5 ». La relecture, en rendant sa valeur à l’expérience esthétique, retournerait notre attention vers nos pratiques signifiantes et nous inviterait à en explorer le caractère sensible, avant tout relationnel et incarné.

Il me semble que la relecture peut en ce sens nous amener sur le chemin d’une « écologie de la lecture », idée que j’emprunte à la conception de l’ « écologie de la pensée » définie par le philosophe états-unien Gregory Bateson dans son essai Steps to an Ecology of Mind. Pour Bateson, les questions principales de son livre sont écologiques même si elles ne traitent pas toujours directement de l’écologie et de la vie autre-qu’humaine :

The questions which the book raises are ecological : How do ideas interact? Is there some sort of natural selection which determines the survival of some ideas and the extinction or death of others? What sort of economics limits the multiplicity of ideas in a given region of mind? What are the necessary conditions for stability (or survival) of such a system or subsystem6?

Le caractère interactif et relationnel de l’information et des idées ferait de la pensée un écosystème, nous amenant à nous interroger sur les conditions de prolifération, de division et d’extinction des idées.

Ainsi, bien que Roland Barthes ne s’intéresse jamais explicitement à la notion d’« écologie » dans son œuvre, on retrouve une logique semblable à celle de l’écologie de la pensée de Bateson dans la définition plurielle du texte qu’il propose dans son article « Texte (théorie du) ». Je propose donc d’amorcer le parcours de cette « écologie de la lecture » avec un survol de la théorie barthésienne du texte qui confère un caractère interactif et relationnel au texte et à la lecture pour subvertir les paradigmes selon lesquels on lit, notamment en faisant du texte une matière vivante et en encourageant une pratique plus étendue de la relecture. Afin d’éclairer la manière dont la conception barthésienne du texte et la pratique de la relecture peuvent esquisser une certaine écologie de la lecture, je ferai l’étude plus spécifique du cas des Fragments d’un discours amoureux, livre dans lequel Barthes écrit sur ses lectures « régulières et insistantes7 » pour développer une méthodologie nouvelle et expérimentale. Je pourrai alors montrer comment la relecture éclaire les conditions de prolifération, de division et d’extinction du sens du texte, conditions qui semblent être davantage pragmatiques et corporelles que purement rationnelles.

Le texte comme matière vivante

Il n’est pas anodin que Roland Barthes soit l’un des rares théoriciens à s’être intéressé à la relecture. Après avoir proclamé la mort de l’Auteur en 1968 et redonné au lecteur et à la lectrice un rôle actif et producteur de sens, Barthes en est venu à redéfinir la notion même de « texte ». La lecture ayant été dégagée de l’autorité de l’Auteur et du Sens, elle retrouve une certaine autonomie ; le texte ne peut (ne doit) plus être pensé comme un objet dégageant un sens unique, mais plutôt comme un espace à dimensions multiples qui repose sur l’interaction du lecteur ou de la lectrice avec l’œuvre.

Barthes cherche à défaire le texte de la conception courante qui le désigne avant tout comme un objet. Il note que « la notion de texte [couramment entendue comme un objet] est […] liée historiquement à tout un monde d’institutions : droit, Église, littérature, enseignement ; le texte est un objet moral : c’est l’écrit en tant qu’il participe au contrat social ; il assujettit, exige qu’on l’observe et le respecte8. » Pour tirer le texte de cet asservissement, Barthes propose plutôt de le concevoir comme un ensemble de pratiques signifiantes : cela implique que le texte doit être pensé en relation avec l’acte de lecture puisqu’il n’existe pas en dehors de celui-ci. C’est ainsi que, dans la théorie barthésienne, le texte serait ouvert et dynamisé par le lecteur ou la lectrice. Barthes définit en ce sens le texte comme une productivité :

Cela ne veut pas dire qu’il est le produit d’un travail (tel que pouvaient l’exiger la technique de la narration et la maîtrise du style), mais le théâtre même d’une production où se rejoignent le producteur du texte et son lecteur : le texte « travaille », à chaque moment et de quelque côté qu’on le prenne ; même écrit (fixé), il n’arrête pas de travailler, d’entretenir un processus de production9.

On comprend que le texte ne désigne plus pour Barthes un simple objet renfermant un sens unique ; il s’agit plutôt d’un lieu de rencontre qui engage l’écrivain ou l’écrivaine, le lecteur ou la lectrice et le langage dans un processus interactif de production.

Lire ne consiste donc pas à actualiser ou à déchiffrer le sens d’un texte ; lire, c’est plutôt créer du sens. Puisque la définition du texte repose dorénavant sur des pratiques signifiantes, le sens se produit moins au niveau d’une abstraction ou d’un acte d’entendement qu’au gré d’un processus d’opérations concrètes. La signification n’est plus un concept adéquat pour caractériser les opérations de la création textuelle ; Barthes préfère le concept de « signifiance » hérité de Julia Kristeva, qui, à la différence de la signification, engage le sujet dans un travail de la langue. Barthes stipule ainsi que

La signifiance, et c’est ce qui la distingue immédiatement de la signification, est donc un travail, non pas le travail par lequel le sujet (intact et extérieur) essaierait de maîtriser la langue […], mais ce travail radical […] à travers lequel le sujet explore comment la langue le travaille et le défait dès lors qu’il y entre (au lieu de la surveiller) : c’est, si l’on veut, « le sans-fin des opérations possibles dans un champ donné de la langue10 ».

Le texte engage un sujet (qui « est déjà lui-même une pluralité d’autres textes, de codes infinis11 ») dans « une galaxie de signifiants, non une structure de signifiés12 », où il n’y a pas de vrai, pas même de probable ou de possible du texte, surtout jamais de tout : le texte, dans son essence, n’est jamais fermé ou totalisant.

Le concept d’« intertexte » se montre ici central au développement et à la compréhension de cette redéfinition du texte. Ce concept désigne généralement un principe de références, de reprises et de réitérations textuelles que mettrait en scène chaque texte littéraire. Selon cette idée, Barthes stipule que

tout texte est un intertexte ; d’autres textes sont présents en lui, à des niveaux variables, sous des formes plus ou moins reconnaissables : les textes de la culture antérieure et ceux de la culture environnante ; tout texte est un tissu nouveau de citations révolues. Passent dans le texte, redistribués en lui, des morceaux de codes, des formules, des modèles rythmiques, des fragments de langages sociaux, etc., car il y a toujours du langage avant le texte et autour de lui. L’intertextualité, condition de tout texte, quel qu’il soit, ne se réduit évidemment pas à un problème de sources ou d’influences ; l’intertexte est un champ général de formules anonymes, dont l’origine est rarement repérable, de citations inconscientes ou automatiques, données sans guillemets13.

La définition que Barthes propose de l’intertexte insiste sur la structure en réseau du texte ; celui-ci s’inscrit toujours en relation avec une multitude d’autres textes, de discours, de langages et de codes, qu’il absorbe et qu’il transforme plus ou moins consciemment, plus ou moins explicitement. L’analogie de Barthes selon laquelle le texte serait un tissu est très évocatrice à cet égard : l’acte de lire serait davantage un travail de tissage (qui donne sa texture et son épaisseur au texte) qu’un travail de dévoilement. Cette définition ouvre d’ailleurs le texte à la pluralité des codes qui le constituent et qui conditionnent la lecture que le lecteur ou la lectrice en fera : aucune lecture n’est « première » ni « dernière » selon Barthes, puisque le texte peut toujours être dynamisé à partir de codes, de références et de langages nouveaux. Jean Ricardou propose le principe de « lecture rétrospective » pour insister sur le caractère intertextuel de cette activité ; la lecture rétrospective, selon lui, permet entre autres « de considérer la littérature d’autrefois à partir de celle d’aujourd’hui14 », soulignant le potentiel qu’a le texte d’être constamment dynamisé et réactualisé selon les références, les codes, les langages et les formes textuelles à partir desquels on l’approche. Le texte, selon cette définition, devient une véritable matière vivante dont on peut percevoir et évaluer l’évolution au fil du temps.

Proches de la lecture rétrospective, la relecture et la répétition sont ainsi implicitement centrales à la définition barthésienne du texte. Si l’on admet, comme le stipule Frank Wagner dans son article sur la relecture, que « lire un livre donné revient ainsi, d’une certaine façon, à relire ceux qui l’ont précédé dans la constitution de notre “bibliothèque intérieure15 », lire c’est toujours relire. Cette activité permet alors de constater les différentes interprétations qu’on a pu faire d’une œuvre au fil du temps, individuellement ou collectivement. Bien qu’elle soit ici présentée d’un point de vue beaucoup plus inconscient et indirect que la relecture intentionnelle et passionnelle que je souhaite davantage examiner ici, la relecture joue un rôle de premier plan dans la définition barthésienne et (post)structuraliste du texte et de la lecture.

Afin de mieux saisir les dynamiques propres à la relecture intentionnelle, personnelle et affective, je propose maintenant d’étudier plus spécifiquement le cas des Fragments d’un discours amoureux, livre dans lequel Barthes problématise la notion d’intertexte et la méthodologie classique de la critique littéraire en écrivant à partir de ses propres relectures, avant tout intimes et affectives.

Les lectures régulières et insistantes

Roland Barthes rédige les Fragments d’un discours amoureux entre 1976 et 1977, quelques années après la définition de sa théorie du texte. Ce livre, comme son titre l’indique, traite de l’amour-passion ; il dresse le portrait du discours qu’un sujet tient pour lui-même lorsqu’il est amoureux. Le discours amoureux que ce sujet formule est divisé en quatre-vingts figures, agissant comme les traits principaux ou caractéristiques de l’état amoureux (« Angoisse », « Pleurer », « Je t’aime », etc.), qui sont placées en ordre alphabétique dans le livre. Les Fragments d’un discours amoureux ont l’apparence d’un dictionnaire ou d’une encyclopédie des états amoureux16. Or, un préambule de six pages, intitulé « Comment est fait ce livre », permet à Barthes d’exposer ainsi que de justifier les réflexions et intentions qui ont motivé certains choix méthodologiques. Ce préambule soulève à la fois la complexité de la scène énonciative du discours amoureux et la richesse théorique du livre.

Pour faire entendre ce qu’il y a d’inactuel et d’intraitable dans la voix du sujet amoureux, Barthes choisit une méthode dite « dramatique », qui, comme il la décrit, « renonce aux exemples et repose sur la seule action d’un langage premier (pas de métalangage). On a donc substitué à la description du discours amoureux sa simulation, et l’on a rendu à ce discours sa personne fondamentale, qui est le je, de façon à mettre en scène une énonciation, non une analyse17. » Le livre est ainsi écrit au « Je » pour présenter la simulation de l’énonciation du discours amoureux : « C’est […] un amoureux qui parle et qui dit…18», peut-on lire en exergue du livre.

La complexité du livre tient alors précisément de l’emploi de ce « Je », qui a une forme polymorphe. Toujours dans ce préambule, Barthes insiste en effet sur l’idée que : 

Pour composer ce sujet amoureux, on a « monté » des morceaux d’origine diverse. Il y a ce qui vient d’une lecture régulière, celle du Werther de Goethe. Il y a ce qui vient de lectures insistantes (Le Banquet de Platon, le Zen, la psychanalyse, certains Mystiques, Nietzsche, les lieder allemands). Il y a ce qui vient de lectures occasionnelles. Il y a ce qui vient de conversations d’amis. Il y a enfin ce qui vient de ma propre vie19.

La voix du sujet amoureux est une voix composite qui s’emmêle à diverses références, dont des œuvres que Barthes dit relire régulièrement et avec insistance, donnant au « Je » de l’énonciation ainsi qu’au discours amoureux une profondeur riche et foisonnante.

Pour insister sur le caractère composite de la voix du sujet amoureux, Barthes refuse souvent d’intégrer à son texte des citations ou d’utiliser les guillemets : les textes auxquels il se réfère sont plutôt paraphrasés ou intégrés plus ou moins explicitement à la voix du sujet amoureux. Le discours amoureux agit ainsi comme un fading, ou un fondu enchaîné de voix. Le texte se présente alors littéralement comme un tissu : c’est un patchwork de références diverses provenant de champs différents qui, (r)assemblés sous cette forme, rappellent la définition du texte comme tissu, proposée par Barthes quelques années plus tôt.

Le motif du texte-tissu traverse d’ailleurs la disposition du texte, à l’intérieur même des Fragments. Puisqu’il se réfère souvent indirectement, et sans utiliser les guillemets, aux œuvres qu’il convoque, Barthes refuse d’employer le système de référence infrapaginal classique. L’écrivain donne plutôt ses références de manière impressionniste et incomplète, en marge du texte. La disposition des pages des Fragments d’un discours amoureux est donc libérée et aérée de sorte que les références transforment la hiérarchie textuelle traditionnelle, en refusant notamment la séparation nette entre le texte et les œuvres auxquelles il se réfère. Les références dans les Fragments d’un discours amoureux sont plutôt présentées comme étant égales au texte : le texte et l’intertexte sont graphiquement présentés comme un couple20. Barthes dit d’ailleurs au sujet de ce système de référence que

ce qui vient des livres et des amis fait parfois apparition dans la marge du texte, sous forme de noms pour les livres et d’initiales pour les amis. Les références qui sont ainsi données ne sont pas d’autorité, mais d’amitié : je n’invoque pas des garanties, je rappelle seulement, par une sorte de salut donné en passant, ce qui a séduit, convaincu, ce qui a donné un instant la jouissance de comprendre (d’être compris ?)21.

Comme Cécile Hanania le rappelle, le « discours amoureux » révèle une ambivalence syntaxique : il peut à la fois se présenter comme un discours sur l’amour et un discours qui est lui-même amoureux. Le livre, en employant les stratégies évoquées plus haut, déploierait donc une pensée qui, dans sa forme, rappelle l’affectivité entretenue avec certains textes22. Les Fragments d’un discours amoureux formulent en ce sens une réflexion dédoublée, qui se rapporte autant au rapport amoureux à autrui qu’à l’amour de la (re)lecture.

En effet, les références qui sont données dans ce livre proviennent d’un lieu intime et affectif : les lectures « régulières et insistantes » de Roland Barthes. Les textes qui sont cités sont précisément ces textes que Barthes relit incessamment. Il y a d’abord les Souffrances du jeune Werther de Goethe, auquel Barthes revient régulièrement parce qu’il lui sert à identifier les grands traits du discours amoureux pour structurer son livre. Il y a ensuite des livres topiques, qui sont de tout temps rassemblés dans les travaux plus tardifs de Barthes, comme ceux de Proust et de Nietzsche, ou des ouvrages sur la psychanalyse et le Zen. Ces livres ne sont pas nécessairement conformes au sujet dont traitent les Fragments (ce ne sont pas des livres qui parlent directement d’amour), mais ils nourrissent tout de même la réflexion de Barthes sur l’affectivité, puisqu’ils agissent à titre de lectures insistantes, c’est-à-dire que leur matériau vient spontanément à Barthes, le poursuivent, le hantent dans l’écriture23.

Les Fragments d’un discours amoureux traitent implicitement des relectures de Barthes, puisque le caractère intime et affectif de ses lectures régulières et insistantes l’invite à développer une méthode « dramatique » qui passe par l’action première du langage dans l’énonciation du sujet amoureux. En empruntant la voix du sujet amoureux, à laquelle et dans laquelle il emmêle des éléments provenant de ses relectures, Barthes parvient à refuser la méthodologie traditionnelle pour proposer une pensée amoureuse qui se présente textuellement et graphiquement en relation avec une multitude d’autres textes. La manière dont Barthes traite de ses relectures dans les Fragments insiste ainsi sur le caractère relationnel, ouvert et transgressif de la pratique de la relecture, et rend compte d’une « écologie de la lecture » où le texte et l’intertexte coexistent et commutent, en épousant une forme ouverte et proliférante.

Lire à corps découvert

Les Fragments d’un discours amoureux témoignent donc de la manière dont la pratique de la relecture permet au texte de prendre un caractère vivant et incarné. Relire certains textes (plus ou moins régulièrement, avec plus ou moins d’insistance) permet en effet de les éprouver dans une durée plus ou moins étendue, soulignant la résistance du texte par rapport au temps. Dans Le Plaisir du texte, Barthes propose une réflexion très éclairante au sujet de cette radiation du texte dans le temps, lorsqu’il parle de l’importance que l’œuvre de Proust a pour lui, œuvre qui lui revient à chaque fois qu’il lit ou qu’il écrit :

Je comprends que l’œuvre de Proust est, du moins pour moi, l’œuvre de référence, la mathésis générale, le mandala de toute la cosmogonie littéraire […]. [C]ela ne veut pas du tout dire que je sois un « spécialiste » de Proust : Proust, c’est ce qui me vient, ce n’est pas ce que j’appelle ; ce n’est pas une « autorité » : simplement un souvenir circulaire. Et c’est bien cela l’inter-texte : l’impossibilité de vivre hors du texte infini — que ce texte soit Proust, ou le journal quotidien, ou l’écran télévisuel : le livre fait le sens, le sens fait la vie24.

La pratique de la relecture chez Barthes agit comme une appropriation des textes, dont témoignent à merveille les Fragments d’un discours amoureux. Le sens déborde le livre pour prendre corps dans sa mémoire, dans ses réflexions et dans son écriture. Cette dynamique d’appropriation des textes agit précisément à titre d’intertexte : c’est une mémoire circulaire et plus ou moins consciente qui vient teinter la manière que Barthes a de vivre et d’entrer en contact avec l’autre – que cet autre soit humain, autre-qu’humain ou textuel.

La dynamique d’appropriation des textes se présente d’ailleurs comme l’une des caractéristiques principales de la relecture. Les Fragments d’un discours amoureux présentent certes une écriture qui s’inscrit directement dans cette dynamique d’appropriation – le texte de Barthes en porte formellement et graphiquement les marques, notamment avec l’emmêlement des voix et la subversion des paramètres critiques et méthodologiques qui ont été présentés plus haut. Or, cette appropriation a lieu de façon beaucoup plus immédiate quand on relit. Patricia Meyer Spacks, dans son essai On Rereading, décrit avec précision la manière dont on s’approprie le texte chaque fois que l’on relit :

The rereader, already experienced with the word before her, possesses some knowledge of how much she contributes to the text she reads. Engaging [once again] with the words on the page, she makes patterns and enlarges meanings, with or without concern about the text’s intent25.

L’écriture de Barthes dans les Fragments semble ainsi imiter le processus interprétatif que décrit Spacks ici : la pratique de la relecture met en relief la manière dont on participe et contribue aux textes qu’on (re)lit. La lecture réitérée d’une même œuvre permettrait de prendre conscience de ce que l’on prend du texte, de ce que l’on y laisse, éclairant ce que l’on y cherche et ce que l’on y a cherché aux différents moments de la lecture.

La relecture rappelle alors que le sens d’une œuvre ne demeure jamais tout à fait le même. Si le sens d’un texte varie à chaque lecture qu’on en fait, il est évident que le changement ne vient pas de lui : puisque le texte est par nature fixe — il est imprimé —, le changement vient nécessairement du sujet qui lit, du contexte à partir duquel se fait la lecture, et de la manière dont le lecteur ou la lectrice aborde le texte. Les réinterprétations que l’on fait d’un texte ne sont pas nécessairement contradictoires : elles doivent plutôt être pensées comme des interprétations musicales, conférant ses dimensions multiples et dynamiques au texte, l’aidant à prendre vie26.

En ce sens, le caractère répétitif de la relecture remplirait un rôle réflexif qui permettrait de mieux saisir l’étendue de la création textuelle. En admettant que le texte soit un environnement sensoriel et sémantique où règne une interactivité du sujet et du langage, la pratique de la relecture nous rappelle que la lecture ne consiste pas uniquement en une pratique de décodage, avant tout modulée et dynamisée par les stratégies textuelles ; puisqu’elle s’inscrit dans une « situation » (qu’elle soit mentale, sensible ou sociale), de nombreux facteurs la modulent et changent le sens du texte. La lecture ne se limite donc pas à la textualité. Marielle Macé, dans son essai Façons de lire, manières d’être, montre le potentiel pragmatique très concret de la lecture :

Par la lecture, par la manière dont on se conduit dans un livre, on s’individue au sens le plus simple : on s’écarte, afin d’occuper un nouveau milieu et d’être occupé à lui, d’éprouver ses propres contours et les formes de sa séparation ; on s’accueille soi-même dans une image extérieure ; en entrant en rapport d’échange avec ce nouveau milieu, on essaye des postures, on simule des gestes, et l’on peut aussi bien se perdre dans l’environnement intense du livre que s’efforcer de s’en détacher. C’est une question de situations et de dispositions : la situation (mentale, sensible, sociale) dans laquelle la lecture nous place en nous faisant nous enfermer avec un livre, cet environnement qu’elle nous fait éprouver intimement, et dont elle dépose l’énergie de réemploi dans notre mémoire ; la disposition perceptive dans laquelle les livres nous trouvent, et l’expérience par laquelle ils nous obligent à nous redisposer, en composant chaque fois avec l’altérité de ce qu’il faut appeler, sans craindre l’emphase, une nouvelle « forme de vie27 ».

La lecture aurait, en ce sens, le pouvoir de rénover nos pratiques signifiantes et notre manière de vivre : en tant qu’activité attentionnelle, qui exige une certaine conduite, une certaine gestualité et une certaine intensité, la lecture nous invite à éprouver des manières d’être, des attitudes et des rythmes nouveaux ou différents. Avec la relecture, l’environnement que le texte nous fait éprouver est à chaque fois réaménagé selon une situation ou une disposition nouvelle, insistant sur l’altérité de cette « nouvelle forme de vie » avec laquelle on compose quand on (re)lit.

De manière plus immédiate, la relecture agit comme une tentative de retrouver le souvenir plus ou moins diffus de la ou des première(s) lecture(s). La matérialité du livre et sa manipulation deviennent ainsi des objets à la signifiance extrêmement riche : on peut, par exemple, être certain ou certaine de retrouver dans sa bibliothèque personnelle une œuvre en particulier, dans une édition précise, dont certaines annotations, certains plis et certaines taches permettront de retrouver l’émotion de la première lecture, ou d’une lecture précédente28.

En insistant sur la valeur de la manipulation du livre, la relecture nous amène à prendre en considération une dimension corporelle plus élargie de la lecture. La manipulation du livre devient en effet l’expérience privilégiée d’une constitution de notre manière d’être au monde. Anne Mangen a d’ailleurs consacré un article à la question de la manipulation du livre imprimé. Elle s’inspire en particulier de la phénoménologie pour insister sur l’importance du rôle de la main et des sensations tactiles dans la lecture : « According to both Heidegger and Merleau-Ponty, the human hand is essential in the constitution and distinction of Being — for human living, sensing, experiencing, creating, communicating, caring, and thinking in our lifeworld29. » La main qui manipule le livre renvoie plus largement au corps dans lequel on existe, corps qui s’inscrit à l’intérieur d’un monde, et à partir duquel on peut interagir avec ce dernier : la manipulation du livre rappelle que je suis à la fois touchant et touché. Le toucher serait le sens qui rassemblerait tous les autres, puisque c’est d’abord par lui que s’élabore, que se ressent et que s’entretient un rapport au livre, un rapport au monde, un rapport au(x) sens.

En conférant une importance toute particulière à la matérialité et à la manipulation du livre, la relecture aide à voir sous une lumière nouvelle la dimension incarnée de la lecture. L’étude de cette pratique de lecture nécessite d’emmêler les conceptions psychanalytiques, phénoménologiques et somatiques du corps afin de saisir l’étendue de son rôle dans nos pratiques signifiantes. Le corps ne se montre pas uniquement à titre de concept, mais se révèle être un véritable point de contact entre soi-même et le texte : c’est le lieu où se rencontrent la matière, l’esprit, le sujet et le monde. Il semble que c’est ainsi que la pratique de la relecture nous amène à saisir comment la lecture peut changer notre manière d’interagir avec nos environnements. En effet, les textes et la (re)lecture « réhabilitent la finesse, la subtilité d’un corps non plus représenté comme objet, mais vécu comme éprouvant des sensations, traversé et disjoint par elles, relié différemment, amoureusement30 ». La pratique de la relecture sollicite donc divers niveaux de notre sensibilité pour nous apprendre à nous lier différemment à l’autre, que celui-ci soit textuel, humain ou autre-qu’humain.

Relire nous conduit ainsi vers une écologie de la lecture, parce que cette pratique nous permet de prendre en compte l’interactivité proliférante et le pluriel qui nous fait, qui fait le texte et qui fait le sens. Ce pluriel, que postule la théorie barthésienne du texte, appelle notre sensibilité. Il s’éprouve et s’affirme dans une pratique plus étendue de la relecture, qui aide à prendre conscience de notre rôle par rapport au texte avec lequel on interagit. Relire nous conduit alors sur le chemin d’une écologie de la lecture, précisément parce que c’est une affaire de tact : une telle pratique affirme la dimension tactile de la lecture et la délicatesse que celle-ci implique. Dans le même ordre d’idées, la théorie barthésienne, qui fait du texte une productivité, consolide l’importance du geste de la lecture et l’appropriation du texte que celui-ci permet ; cette théorie confère une responsabilité toute particulière au lecteur ou à la lectrice à l’égard du texte. Dans les Fragments d’un discours amoureux, Barthes emploie diverses stratégies – comme le développement d’une méthodologie « dramatique » et d’un système transgressif de la référence – pour insister sur le caractère ouvert, proliférant et affectif de la (re)lecture. Le sentiment amoureux imite les principales caractéristiques de la pratique de la relecture pour développer des paramètres théoriques nouveaux.

Si l’acte de relire est ainsi rapproché du sentiment amoureux, la relecture se montre comme une pratique de lecture écologique parce qu’elle peut aussi nous apprendre à être-au-monde de manière plus consciente, engagée et soucieuse. Cette pratique nous rappelle l’importance de l’investissement de notre corps dans nos pratiques signifiantes, puisque c’est notre corps qui nous lie de manière sensible aux formes textuelles et esthétiques avec lesquelles on compose.

Suivant l’idée de Barthes selon laquelle « le plaisir du texte c’est ce moment où mon corps va suivre ses propres idées – car mon corps n’a pas les mêmes idées que moi31 », notre tâche serait maintenant de développer et d’affirmer les moyens qui nous permettront d’apprendre à l’écouter. Nous pourrions alors mieux habiter nos environnements textuels, existentiels, relationnels et naturels. Commençons par prendre le temps de relire, voyons pour la suite.

Bibliographie

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  1. Susan Sontag, L’œuvre parle. Œuvres complètes V, Trad. Guy Durand, Paris, Christian Bourgois, 2010, (« Titres »), p. 18.

  2. Derek Woods, « Accelerated Reading. Fossil Fuels, Infowhelm, and Archival Life », in Tobias Menely, Taylor, Jesse Oak, (éds.). Anthropocene Reading: Literary History in Geologic Times, Pennsylvania, The Pennsylvania State University Press, 2017, (« The SLSA Book Series »), p. 205.

  3. O’Brien Ed, « Enjoy It Again: Repeat Experiences Are Less Repetitive Than People Think », Journal of Personality and Social Psychology, Vol. 116 / 4, 2019, p. 522 – souligné dans la citation.

  4. Roland Barthes, S/Z, Paris, Seuil, 1970, (« Points »), p. 22 – souligné dans la citation.

  5. Erik Bertin, « Écouter et réécouter : la musique au fil des jours », Protée, Vol. 38 / 2, 2010, p. 31.

  6. Gregory Bateson, Steps to an Ecology of Mind, New York, Ballantine Books, 1972, p. 15‑16.

  7. Roland Barthes, Fragments d’un discours amoureux, Paris, Seuil, 1977, (« Tel Quel »), p. 12.

  8. Roland Barthes, Œuvres complètes, IV. 1972-1976, Éd. Éric Marty, Paris, Seuil, 2002, p. 443.

  9. Ibidem, p. 448 – souligné dans la citation.

  10. Ibidem, p. 450.

  11. Roland Barthes, op. cit., p. 16.

  12. Ibidem, p. 12.

  13. Roland Barthes, op. cit., p. 451 – souligné dans la citation.

  14. Jean Ricardou, « Pour une lecture rétrospective », Revue des sciences humaines, 1980, p. 57.

  15. Frank Wagner, « Relire le temps (Sur l’expérience de relecture) », A contrario, N° 13, 2010, p. 51.

  16. Cécile Hanania, « Fiction du paratexte dans les Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes », Dalhousie French Studies, Vol. 73, 2005, p. 120.

  17. Roland Barthes, op. cit., p. 7 – souligné dans la citation.

  18. Ibidem, p. 13 – souligné dans la citation.

  19. Ibidem, p. 12.

  20. Cécile Hanania, op. cit., p. 125.

  21. Roland Barthes, op. cit., p. 12.

  22. Cécile Hanania, op. cit., p. 119.

  23. Roland Barthes, Le discours amoureux. Séminaire à l’École pratique des hautes études (1974-1976) suivi de “Fragments d’un discours amoureux” : inédits, Éd. Claude Coste, Paris, Seuil, 2007, (« Traces écrites »), p. 690.

  24. Roland Barthes, Le plaisir du texte, Paris, Seuil, 1973, (« Tel Quel »), p. 59 – souligné dans la citation.

  25. Patricia Meyer Spacks, On Rereading, Cambridge, Belknap Press of Harvard University Press, 2011, p. 111.

  26. Laure Murat, Relire : enquête sur une passion littéraire, Paris, Flammarion, 2015, p. 51.

  27. Marielle Macé, Façons de lire, manières d’être, Paris, Gallimard, 2011, (« Essais »), p. 31.

  28. Laure Murat, op. cit., p. 29.

  29. Anne Mangen, « What Hands May Tell Us About Reading and Writing », Educational Theory, Vol. 66 / 4, 2016, p. 461.

  30. Evelyne Grossman, Éloge de l’hypersensible, Paris, Les Éditions de Minuit, 2017, (« Paradoxe »), p. 16.

  31. Roland Barthes, op. cit., p. 30.


Christophe Charland étudie à la maîtrise en études littéraires à l’Université du Québec à Montréal où il travaille à la rédaction d’un mémoire portant sur les questions de la relecture et de l’affectivité. Ses recherches s’intéressent plus particulièrement aux Fragments d’un discours amoureux du sémiologue français Roland Barthes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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