Passer au contenu

Entretien avec Michaël Trahan

Revue Fémur
2563-6812
Revue Fémur
Entretien réalisé par Olivier Lacasse, co-directeur du dossier et Stéphanie Guité-Verret, co-rédactrice en chef.

Michaël Trahan est écrivain et professeur de littérature à l’Université Laval. Au Quartanier, il a fait paraître Vie nouvelle1 (2020), La raison des fleurs2 (2017, Prix littéraire du Gouverneur général, catégorie poésie) et Nœud coulant3 (2013, prix Émile-Nelligan, Prix du Festival de la poésie de Montréal et prix Alain-Grandbois de l’Académie des lettres du Québec). Il est aussi l’auteur d’un essai sur la réception de Sade, La postérité du scandale4 (Nota bene, 2017), et d’une thèse de doctorat sur la lisibilité de la littérature dans le champ poétique français contemporain5.

Fémur (Olivier Lacasse et Stéphanie Guité-Verret) : Dans votre thèse, La littérature aux limites du lisible, votre réflexion naît d’un « simple constat » qu’émettent encore chaque jour bon nombre de lecteurs : « certains livres sont difficiles à lire ». À propos de l’écriture de Jean-Michel Reynard, vous parlez d’une « impression d’échec » qui accompagne la lecture et qui peut même mener le lecteur ou la lectrice à se demander « en quoi ça [le ou la] regarde ». D’où vous vient cet intérêt pour ces livres qui, du moins partiellement, se refusent à la lecture ?

Michaël Trahan : Je ne sais pas. Il y a un vertige du sens qui m’a vite fasciné en littérature. Votre question me fait retourner en arrière. Je me souviens de la première fois où j’ai vu une professeure interpréter un poème de Baudelaire en classe. J’étais au cégep, je découvrais la littérature : je ne savais pas qu’on pouvait aller si loin – dans la lecture, et dans l’écriture. Tout d’un coup, je voyais le texte comme une architecture sensible abritant quelque chose de plus ou moins visible au premier abord, mais qui pouvait se révéler si on maîtrisait les codes. Longtemps, après, j’ai eu peur que quelque chose m’échappe dans les livres. J’avais le syndrome du littéraire qui a l’impression de n’avoir rien lu. Il m’a fallu du temps pour faire confiance à ce qui se trouvait devant mes yeux, et à ce que l’expérience de lecture me donnait à vivre. C’est ainsi que la question de la difficulté m’a d’abord intéressé : elle m’aidait à sortir de cette logique de déchiffrement, pour penser à ce qui a lieu quand on a l’impression que rien n’a lieu.

Après, il est bon que vous convoquiez Jean-Michel Reynard, parce que c’est avec la traversée de L’Eau des fleurs6, un ouvrage posthume que j’ai découvert alors que j’étais au travail sur ce qui allait devenir mon premier livre, que cet intérêt pour l’illisible s’est manifesté. Je n’avais jamais été de cette façon attiré ou appelé par un livre qui me résistait ainsi. Tout m’échappait, et pourtant je vivais quelque chose d’important. J’ai réalisé qu’il y avait une insécurité propre à toute relation sémiotique, et que de désamorcer un peu notre obsession pour le sens pouvait être salutaire.

Fémur : Pourquoi jugez-vous (si c’est toujours le cas) qu’il est nécessaire de les lire ou de tenter de les lire ?

Michaël Trahan : Il est sain que les textes résistent parce que la lecture ouvre ainsi sur un autre régime de sens.

Je pense à un exemple que j’aime beaucoup, et qui me vient de Valère Novarina. Je l’évoque également dans ma thèse. Dans La Chair de l’homme7, en 1995, un personnage nommé l’Écouteur des Deux Bouches prononce à un moment cette phrase curieuse : « Les ourssements blonds des deux bernadines à action nous font peur. » Dans L’Opérette imaginaire8, une pièce de 1998, l’Homme d’Outre-ça dit : « Les ourssements blonds des bernadines à action ne font maintenant plus aucun bruit. » Dans L’Acte inconnu9, une pièce mise en scène au Festival d’Avignon en 2007, l’Homme nu en rajoute : « Les ’’ourssements blonds des Bernadines à action” me font peur. » Bien sûr, la question se pose : que peuvent bien être ces « ourssements blonds des bernadines à action » ? Dans son essai Devant la parole10, Novarina s’explique un peu. Il signale en tout cas la répétition ou la résurgence de cette phrase dans plusieurs de ses textes. Puis il conclut avec une désarmante simplicité : « Je ne sais pas ce qu’elle veut dire. »

Novarina le répète de mille façons : il est bon de ne pas (chercher à) comprendre. Le vouloir-dire, l’intention derrière le texte, ce sont des réflexes interprétatifs parfois encombrants. Les écritures qui résistent nous aident à cesser de voir les textes comme des dépôts desquels il s’agirait d’extraire une signification, pour faire plutôt une place souveraine aux lecteurs et lectrices et à ce qu’ils et elles vivent à leur contact. Elles nous rappellent ce qu’on a tendance à oublier : chaque nouveau texte nous apprend à lire. Sinon, à quoi bon ?

Fémur : Quel rôle joue cette réflexion sur l’illisible dans votre propre pratique d’écriture ?

Michaël Trahan : Je n’ai pas de grande tentation d’illisibilité. Ce que je cherche à dire ne relève d’aucune excentricité verbale. Mais j’aime qu’il y ait dans les livres des lignes d’ombre, des singularités qui apparaissent sans s’expliquer. J’aime qu’elles soient là, tout simplement, sans qu’on sache pourquoi. Sans que je le sache exactement moi-même, et sans qu’on le cherche à la lecture.

C’est une question que je me suis posée, par exemple, autour d’un passage de mon dernier livre, un long segment constitué de citations du Journal d’Alix Cléo Roubaud11. Le jour où j’ai intégré cela au manuscrit, je cherchais l’origine d’une formule, qui me revenait en mémoire dans l’écriture : la photographie qui serait comme « le temps à l’état pur ». Je pensais l’avoir lue chez Alix Cléo Roubaud. Elle était finalement d’Annie Ernaux (elle se trouve dans L’écriture comme un couteau12). J’ai ouvert le cahier dans lequel j’avais consigné les traces de ma lecture du Journal : des citations, quelques mots soulignés, certains recopiés en majuscules, etc. J’ai tout mis dans le livre, tel quel, en décrivant de façon précise les annotations.

J’avais peur d’aller trop loin, de m’effacer peut-être d’une façon incompréhensible pour les lecteurs et lectrices, dans la mesure où je faisais cela sans m’expliquer, avec le désir très net de n’ajouter aucun commentaire. Après bien des hésitations, j’ai fini par accepter la part documentaire du dispositif, qui dit que quelque chose a été vécu, et qui l’évoque en ne gommant pas l’opacité de l’expérience.

Je vois maintenant ces pages comme une fenêtre ouverte au beau milieu du livre : un lieu par où passe un grand courant d’air.

Fémur : Dans votre thèse, vous expliquez, en ce sens, comment le constat d’illisibilité vous amène à considérer la lecture non plus comme un acte de déchiffrement, mais comme une « expérience ». Vous notez, à la suite de Marielle Macé et de Jean-François Hamel, que les textes littéraires deviennent « des réservoirs de formes de vie possibles » qui induisent des « dispositions sensibles », « des états attentionnels » et « des comportements affectifs ». En tant qu’écrivain, ce déplacement de la conception du sens des textes influence-t-il votre écriture ? Cette conception particulière du littéraire rend-elle nécessaire une certaine conduite dans l’écriture, une certaine éthique ?

Michaël Trahan : Un texte n’est pas un objet de langage replié sur lui-même. L’écriture est un acte qui a une incidence très directe sur le monde. Un livre peut tout emporter. Il faut faire attention à ce qu’on dit et à ce qu’on fait. Oui, les enjeux éthiques de l’écriture me préoccupent beaucoup. En ce moment, par exemple, je suis obsédé par une question qui concerne l’écriture de soi et la vie des autres. Plusieurs personnes, pour des raisons qui leur appartiennent, font le choix de raconter leur existence. C’est très bien, mais qu’en est-il de celles et ceux qui partagent leur vie sans avoir le même désir ou le même engagement littéraire ? Après tout, un récit n’implique rarement que la personne qui l’écrit.

On peut penser ici à un exemple récent et bien médiatisé : la polémique autour de la parution de Yoga d’Emmanuel Carrère13, où son ex-compagne, Hélène Devynck, a pris la parole pour dire publiquement son refus d’être utilisée dans l’œuvre. Le discours autobiographique peut faire des dommages collatéraux. Il y a là une violence souvent impensée, et la plupart du temps cachée, car c’est le texte qui retient l’attention, comme s’il autorisait tout et que le reste ne comptait pas. Je m’éloigne de l’illisible, mais mes travaux actuels portent sur de tels phénomènes, qui se jouent dans les marges des œuvres, et qui replacent une interrogation éthique au cœur de la pratique littéraire. C’est aussi une question que j’essaie de résoudre comme écrivain afin de déterminer, oui, la conduite à adopter. Je travaille depuis quelques années à un livre que je sens le besoin d’écrire, mais que je n’ai pas envie de faire paraître sous n’importe quelle forme et à n’importe quel prix.

Fémur : Dans Vie nouvelle, votre dernier recueil de poésie publié en 2020, une section est intitulée « Autoportrait en roman d’amour ». Elle foisonne tout particulièrement de citations qui traversent l’esprit, qui sont commentées ou retranscrites. Cette partie, qui annonce un autoportrait, prend en fait des allures de journal de lecture. Vous venez d’ailleurs de nous en donner un exemple avec le cas d’Alix Cléo Roubaud et d’Annie Ernaux. Que penser d’une telle écriture de soi qui se fait ainsi, par l’entremise des mots des autres et de l’expérience qu’on en fait ?

Michaël Trahan : J’ai eu le sentiment, avec La raison des fleurs et Vie nouvelle, d’avoir écrit des livres de lecture. J’aime les livres processuels, les livres d’atelier, les livres de compagnie : ceux qui ne racontent rien d’extravagant, qui ne cherchent pas à résoudre grand-chose mais qui sont en quelque sorte toujours là. J’aime les livres qui ne finissent pas. On les traîne longtemps. Quand on arrive au bout, on reprend du début. Ou bien on les ouvre au hasard. Le Journal de Franz Kafka14 a longtemps joué ce rôle pour moi. Ces dernières années, je retourne souvent à celui de Virginia Woolf15, ou bien aux Cahiers de Paul Valéry16. Parfois, j’ai l’impression de lire uniquement des textes qui ne sont des livres que par accident, dans la mesure où ils sont moins obsédés par l’élaboration d’une forme que par une aventure de pensée et d’écriture. J’essaie de faire place à cette aventure-là, mais force est d’admettre que je reste obsédé par la forme. Pour revenir sur l’exemple que vous citez, j’ai eu envie d’écrire un journal qui est aussi un poème.

Les traces de lecture sont pour moi quelque chose de très personnel. Je prête peu mes livres, souvent par gêne des annotations. Il m’arrive de racheter des ouvrages par honte des traces vieilles de plusieurs années, que je ne veux plus voir. Ce n’est pas très sain, mais c’est ainsi. C’est pourquoi, pour revenir à ce que je disais plus tôt au sujet des citations d’Alix Cléo Roubaud intégrées à Vie nouvelle, quand je reprends littéralement, sans aucune correction, mes notes de lecture de son Journal, c’est quelque chose de très intime que j’ai l’impression de livrer.

Fémur : Nous retrouvons dans vos trois recueils de poésie de nombreuses citations placées en exergue, soit au début du livre, soit au début d’une section. De Virgile, Baudelaire et Kafka à Annie Dillard, René Lapierre, Anne Dufourmantelle et Novarina, en passant par Tristan Corbière, Saint-Denys de Garneau et Georges Bataille (pour n’en nommer que quelques-un·e·s), les écrivains et écrivaines, poètes ou penseurs dont sont tirées ces citations sont d’une diversité réjouissante. Mais plus que le simple témoignage d’une activité de lecture ouverte sur plusieurs horizons, cet usage de la citation en exergue semble caractériser votre façon de structurer vos œuvres. Ainsi, pourriez-vous nous expliquer comment vous travaillez avec ces citations ? Quelle place occupent-elles dans le processus d’écriture d’un recueil ?

Michaël Trahan : J’ai encore une pensée pour Novarina en vous répondant. Il dit quelque part que la première phrase d’un texte est écrite comme on lance une pierre. J’aime ce mouvement : quelque chose qui vient d’un bloc et qu’on lance devant soi. On fait quelque pas, on le ramasse, on le lance un peu plus loin et on recommence. Ce n’est pas que le chemin s’éclaire, mais on s’assure au moins qu’on ne tombera pas dans le vide en posant le pied là. C’est ainsi que je pense aux phrases des autres qui m’accompagnent pendant l’écriture. Vous dites qu’il y en a beaucoup. J’ai l’impression qu’il y en a peu, et que je les répète tout le temps. J’y pense souvent, je les recopie partout, je les intègre de temps en temps au texte. Quand je suis perdu, je cherche toujours en elles une solution.

Je vous donne un exemple, qui est peut-être mal choisi parce que j’ai décidé de le retirer à la dernière minute, alors c’est finalement un exergue fantôme, même si c’est la phrase qui continue pour moi de porter le livre. Pendant l’écriture de Vie nouvelle, je n’arrêtais pas de tourner autour d’une phrase de Denis Roche : « Je vous dois la vérité en littérature et je vous la dirai ». C’est le titre d’une section de Dépôts de savoir et de technique17, qui détourne une formule de Paul Cézanne. L’exigence qu’elle cherche à nommer m’obsédait. Je la recopiais tout le temps. Elle était affichée au mur de mon bureau. Pendant quelques années, elle se trouvait en tête du manuscrit. À la dernière minute, j’ai décidé de la retirer, même si elle m’avait permis, si je puis dire, d’écrire le livre. Je l’ai retirée parce qu’elle parlait d’une confiance qui m’est étrangère. Ce que j’avais réussi à dire ne correspondait pas au ton sentencieux de la déclaration de Roche et Cézanne. Elle brouillait trop les pistes. Mais j’ai passé quatre ans avec cette phrase, à la lancer devant moi d’une page à l’autre pour baliser l’horizon dans lequel je m’engageais.

Tout cela pour dire que les exergues ne sont pas que des façons de marquer l’admiration ou d’inscrire une filiation. Ce sont les traces d’un dialogue qui donne à écrire et à penser. J’aime travailler avec ce qui ne m’appartient pas. Ce n’est pas une logique d’appropriation mais d’accompagnement.

Fémur : On constate qu’à partir de La raison des fleurs, vous indiquez clairement la provenance des citations dans le corps du texte et ajoutez même une bibliographie des œuvres citées à la fin du recueil. Cela semble témoigner d’une volonté de faire trace des lectures, de retracer l’itinéraire des idées, qui rappelle le travail du chercheur. D’où vient ce désir de mettre en évidence l’origine des intertextes ?

Michaël Trahan : Pour tout dire, l’idée d’ajouter une bibliographie à la fin de La raison des fleurs est venue de mon éditeur, Éric de Larochellière. Ça m’a très vite semblé une évidence – une façon, justement, de reconnaître que c’est un livre de lecture. J’imagine que c’est la beauté de l’édition, quand on travaille avec quelqu’un qui comprend où on veut aller. Après, oui, sans doute que ma formation en recherche a fait en sorte que j’étais sensible à ce qu’offre une bibliographie. Pour moi, ce n’est pas un geste scolaire, qui revient à montrer patte blanche pour dire d’où ça vient. C’est une forme de générosité : des ouvertures, des prolongements, des échos. Une façon de dire, concrètement, que le livre vient de là, mais aussi de faire signe vers d’autres lectures possibles, question que l’expérience aille au-delà de la dernière page. C’est symbolique et pragmatique.

Puis, il faut dire que j’ai un penchant pour les œuvres qui n’effacent pas leurs traces.

Fémur : Vous avez été, pendant plusieurs années, directeur de la revue de poésie Estuaire, poste que vous venez tout récemment de quitter. Cette expérience dans le comité éditorial de la revue, qui invite à adopter une posture de lecteur attentif aux mots des autres, puis une posture d’éditeur, s’est-elle articulée à votre propre démarche d’écriture ?

Michaël Trahan : Il est inspirant de passer du temps dans les textes des autres. Ça donne souvent envie d’écrire. Ensuite, tout se complique parce qu’on ne peut pas tout faire en même temps. Sur le plan de la lecture, cela me ramène à ce que je disais à l’instant de l’édition : l’idée est de comprendre ou d’essayer de voir là où l’autre veut aller, même si ce n’est pas tout à fait clair encore. C’est quelque chose que je trouve très beau. Je ne veux pas dire que l’éditeur ou l’éditrice en sait plus que l’écrivain·e sur son propre texte, mais c’est une personne qui a à cœur la qualité du texte et qui travaille avec l’écrivain·e dans cette direction. C’est rare.

L’édition n’est pas l’écriture, mais c’est une activité qui utilise la même boîte à outils. On regarde les textes comme des lieux de mouvement, qui ont pris leur élan même s’ils n’ont pas nécessairement trouvé leur forme définitive. C’est une perspective qui rend l’idée de littérature très vivante.

Fémur : Depuis 2020, vous occupez un poste de professeur au Département de littérature, théâtre et cinéma de l’Université Laval. Vous y donnez entre autres des cours de création. Comment envisagez-vous ce rôle d’enseignant-lecteur, qui commente et évalue des créations souvent encore à l’état d’ébauche ? L’ajout d’une dimension prescriptive – propre à l’évaluation que vous devez faire des textes des étudiant·e·s – à votre activité de lecteur exige-t-elle une reconfiguration de votre manière de lire ?

Michaël Trahan : Il y a pour moi une grande continuité entre l’édition et l’enseignement : le travail à Estuaire est peut-être ce qui m’a le mieux formé à l’accompagnement en création littéraire. Je crois que ce qui change dans la manière de lire, ici, relève avant tout des enjeux humains et relationnels. Parfois, je trouve qu’il s’agit moins de lire des textes que de rencontrer des gens et de comprendre ce qu’ils cherchent dans l’écriture.

Paradoxalement, c’est une manière de lire qui me ramène à la question du vouloir-dire dont je disais plus tôt qu’il était bon de se défaire. Je dois souvent me demander quelle est l’intention de l’auteur ou de l’autrice. J’essaie de comprendre d’où vient le texte et jusqu’où la personne veut aller. Pour cela, il faut lire le texte, mais aussi se donner les moyens d’écouter l’autre. En ce sens, entre la critique et l’édition, entre la recherche et l’enseignement, c’est peut-être moins la manière de lire qui change que le climat de la lecture, où priment le respect et la bienveillance. Sinon, rien n’est possible alors que l’enjeu est justement d’apprendre que tout est possible, ou presque.

Quant à l’évaluation, je l’envisage de façon plus descriptive que prescriptive. J’essaie moins d’être celui qui juge que celui qui offre un autre point d’appui.

Fémur : Cet entretien nous aura permis de penser les différentes postures de lecteurs que vous avez adoptées et celles que vous adoptez toujours (lecteur-chercheur, lecteur-écrivain, lecteur-éditeur, lecteur-enseignant). Aux côtés de toutes ces postures, quelle place reste-t-il aux pratiques de lecture « ordinaires » ?

Michaël Trahan : Je ne sais pas. Il est rare que je lise quelque chose qui n’entre pas en résonance avec les questions que je me pose pour l’écriture ou l’enseignement. J’imagine qu’il reste les livres que je lis avec mon fils. C’est une aventure qui commence. Je découvre la lecture autrement avec lui. C’est beau et drôle. Moins dramatique, moins intense, mais pas moins riche.

Bibliographie

CARRÈRE, Emmanuel, Yoga, Paris, P.O.L, 2020.

ERNAUX, Annie et JEANNET, Frédéric-Yves, L’écriture comme un couteau. Entretien avec Frédéric-Yves Jeannet, Paris, Stock, 2003.

KAFKA, Franz, Journal, Paris, Grasset, 2002, (« Cahiers rouges »).

NOVARINA, Valère, Devant la parole, Paris, P.O.L, 1999.

NOVARINA, Valère, La chair de l’homme, Paris, P.O.L, 1995.

NOVARINA, Valère, L’acte inconnu, Paris, P.O.L, 2007.

NOVARINA, Valère, L’opérette imaginaire, Paris, P.O.L, 1998, [En ligne : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb42733920d].

REYNARD, Jean-Michel, L’eau des fleurs, Paris, Lignes, 2005, (« Littérature »).

ROCHE, Denis, Dépôts de savoir & de technique, Paris, Seuil, 1980, (« Fiction & Cie »).

ROUBAUD, Alix Cléo, Journal, 1979-1983, Paris, Seuil, 1984, (« Fiction & Cie »).

TRAHAN, Michaël, La littérature aux limites du lisible : singularités de l’expérience littéraire dans le champ poétique français contemporain, thèse de doctorat, Université de Montréal, 2016, [En ligne : http://hdl.handle.net/1866/19289].

TRAHAN, Michaël, La postérité du scandale. Petite histoire de la réception de Sade (1909-1939), Montréal, Québec, Nota bene, 2017, (« Prémices »).

TRAHAN, Michaël, La raison des fleurs, Montréal, Le Quartanier, 2017, (« Série QR »).

TRAHAN, Michaël, Nœud coulant, Montréal, Le Quartanier, 2013, (« Série QR »).

TRAHAN, Michaël, Vie nouvelle, Montréal, Le Quartanier, 2020, (« Série QR »).

VALÉRY, Paul, Cahiers, Paris, Gallimard, 1973, (« Bibliothèque de la Pléiade »).

WOOLF, Virginia, Journal intégral 1915-1941, Paris, Stock, 2008, (« La Cosmopolite »).


  1. Michaël Trahan, Vie nouvelle, Montréal, Le Quartanier, 2020, (« Série QR »).

  2. Michaël Trahan, La raison des fleurs, Montréal, Le Quartanier, 2017, (« Série QR »).

  3. Michaël Trahan, Nœud coulant, Montréal, Le Quartanier, 2013, (« Série QR »).

  4. Michaël Trahan, La postérité du scandale. Petite histoire de la réception de Sade (1909-1939), Montréal, Québec, Nota bene, 2017, (« Prémices »).

  5. Michaël Trahan, La littérature aux limites du lisible : singularités de l’expérience littéraire dans le champ poétique français contemporain, thèse de doctorat, Université de Montréal, 2016.

  6. Jean-Michel Reynard, L’eau des fleurs, Paris, Lignes, 2005, (« Littérature »).

  7. Valère Novarina, La chair de l’homme, Paris, P.O.L, 1995.

  8. Valère Novarina, L’opérette imaginaire, Paris, P.O.L, 1998.

  9. Valère Novarina, L’acte inconnu, Paris, P.O.L, 2007.

  10. Valère Novarina, Devant la parole, Paris, P.O.L, 1999.

  11. Alix Cléo Roubaud, Journal, 1979-1983, Paris, Seuil, 1984, (« Fiction & Cie »).

  12. Annie Ernaux et Frédéric-Yves Jeannet, L’écriture comme un couteau. Entretien avec Frédéric-Yves Jeannet, Paris, Stock, 2003.

  13. Emmanuel Carrère, Yoga, Paris, P.O.L, 2020.

  14. Franz Kafka, Journal, Paris, Grasset, 2002, (« Cahiers rouges »).

  15. Virginia Woolf, Journal intégral 1915-1941, Paris, Stock, 2008, (« La Cosmopolite »).

  16. Paul Valéry, Cahiers, Paris, Gallimard, 1973, (« Bibliothèque de la Pléiade »).

  17. Denis Roche, Dépôts de savoir & de technique, Paris, Seuil, 1980, (« Fiction & Cie »).


 

Les commentaires sont fermés, mais les rétroliens et signaux de retour sont ouverts.

Articles récents